par Samuel Mayol. 17 mai 2022
[Les échos "Culture" sont publiés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
Aline Kiner, La Nuit des béguines, éd. Liana Levi, 2017, 22 €.
Paris. 1310. Maheut, mariée de force et violentée la nuit de ses noces, a fui.
Dans toute la Cité, la toute jeune fille à la chevelure flamboyante est une proie.
Maheut va se réfugier au grand béguinage royal, dans le quartier du Marais. Elles sont des centaines de femmes à y vivre, étudier ou travailler comme bon leur semble. Refusant le mariage comme le cloître, libérées de l’autorité des hommes, les béguines forment une communauté inclassable, mi-religieuse, mi-laïque.
Mais le jour où Marguerite Porete est brûlée vive en place de Grève, les béguines savent que leur statut risque d’être remis en question.
Marguerite, femme de lettre éclairée, est l’auteure d’un livre qui indispose l’église toute puissante. « Le miroir des âmes » révèle que l’homme pourrait vivre sa foi en dehors de tout dogme. Il n’en fallait pas plus pour énerver le grand inquisiteur.
Marguerite est brûlée, le livre est interdit, le destin de Maheut est scellé. Et le temps des biguines est compté.
C’est avec un vrai talent romanesque qu’Aline Kiner nous entraîne dans le Paris du Moyen Âge.
Dans les rues boueuses et pestilentielles, au milieu de la grande Cité, des femmes se battent.
Ce magnifique livre nous incite à regarder notre monde contemporain avec les lunettes de l’histoire : inquisitions, intolérance, guerres de religion, violences faites aux femmes.
Les héroïnes Ysabel, Ade et Maheut, subversives et féministes avant l’heure, nous rappellent que l’émancipation des femmes est décidément loin d’être un sujet nouveau.
Et en comparant les époques, on se rend compte qu’il y a encore tellement de chemin à parcourir.
Samuel Mayol
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