par Philippe Foussier 5 avril 2013
Vincent Peillon, Refondons l’école, Seuil, 156 p., 14 €.
En moins de 150 pages, Vincent Peillon a rassemblé dans ce petit livre l’essentiel des projets qu’il a lancés depuis son arrivée rue de Grenelle.
On pourra donc trouver à travers le développement des différents thèmes abordés une cohérence que le temps médiatique et politique ne permet pas toujours d’appréhender dans les meilleures conditions.
Et d’abord la question des rythmes, qui a suscité des réactions parfois légitimes de collectivités locales s’estimant un peu négligées dans la concertation préalable à la mise en oeuvre, même si les élus partagent le bien fondé de la décision. Car enfin, comme le rappelle le ministre de l’Education nationale, qui pourrait contester que "le gouvernement précédent a fait le choix de rythmes scolaires en contradiction totale avec les recommandations des médecins et des professeurs" ? Depuis 2008, rappelle Vincent Peillon, les élèves de primaire n’ont plus que 4 jours de classe par semaine, soit 144 jours par an, une situation unique en Europe et même dans le monde, sachant que dans les autres pays développés, la moyenne s’élève à 187 jours... Difficile de ne pas souscrire à cette évidence.
Vincent Peillon veut aussi s’attaquer à une France "qui organise des ghettos, favorise les communautés, n’encourage ni la mixité sociale ni la mixité scolaire. Il n’y a plus une jeunesse mais des jeunesses, appelées à ne jamais se rencontrer, se croiser, se mélanger". Face à cela, explique-t-il, "je veux rebâtir du commun -des parcours communs, des lieux communs, des valeurs communes- entre les enfants de France, quelles que soient leurs origines sociales, territoriales, culturelles".
Le locataire de la rue de Grenelle s’explique aussi longuement sur la priorité donnée à l’école primaire, à la maternelle aussi ainsi qu’à l’accueil en amont. C’est en effet dès la dernière section de maternelle ou au CP que l’on peut déjà repérer ceux qui deviendront quelques années plus tard des "décrocheurs" et c’est par conséquent à ce stade qu’il faut consentir des efforts accrus. C’est pourquoi il plaide pour la "scolarisation précoce qui est un moyen efficace de favoriser la réussite scolaire des enfants en particulier lorsque, pour des raisons sociales, culturelles ou linguistiques, leur famille est éloignée de la culture scolaire".
Enfin, dans un chapitre consacré à la morale laïque, Vincent Peillon développe avec conviction les ambitions qu’il nourrit dans ce domaine. Il rappelle opportunément que "l’école républicaine n’a jamais prétendu être neutre entre toutes les valeurs. Si la laïcité a bien signifié la neutralité confessionnelle [...], elle n’a jamais signifié ni la neutralité philosophique ni la neutralité politique". Et le ministre-philosophe de souligner que "la laïcité introduit même une hiérarchisation des valeurs, puisqu’elle conduit à placer le bien commun, l’égalité des droits et le respect de la personne au-dessus des coutumes et des traditions de quelque nature qu’elles soient".
Philippe Foussier
Lire aussi Réforme des rythmes scolaires : l’intérêt général doit prévaloir (21 fév. 13) par Gilbert Abergel, "Rythmes scolaires" : réponse à Gilbert Abergel (F. Sautereau) par Florence Sautereau (note du CLR).
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