2006
Lettre ouverte à Monsieur Jean-Marie RAUSCH, Maire de Metz.
Monsieur le Maire,
Lors de la réunion du Conseil Municipal de Metz du 29 septembre dernier, vous avez soumis au vote des élus de la ville votre décision de rebaptiser la place de la cathédrale « Place Jean-Paul II ». Vous avez ce dimanche 17 décembre, en compagnie de Mgr Raffin, Evêque de Metz, procédé à l’inauguration de la dite place .
Nous nous adressons à vous afin de vous signifier notre totale désapprobation quant à cette décision : rebaptiser une place de la ville du nom de Jean-Paul II nous paraît contraire à l’esprit républicain et démocratique qui préside au bon fonctionnement de la chose publique dans notre pays.
En effet, pendant toute la durée de son pontificat, Jean-Paul II a
— condamné la contraception et l’IVG et mené campagne contre elle dans les institutions internationales,
— condamné l’utilisation du port du préservatif pour enrayer l’épidémie meurtrière du SIDA,
— soutenu de nombreux régimes totalitaires dans le monde, comme celui de Pinochet.
— Au cours de son pontificat, il a procédé à 1 800 canonisations et béatifications d’une armada de réactionnaires en tout genre, parmi lesquels :
• L’archevêque pro-nazi Stépinac, complice de l’assassinat de milliers de serbes.
• José Maria Escriva de Balaguer, fondateur l’Opus Deï, surnommée « la Maffia blanche ».
• Maximilien Kolbe, polonais notoirement antisémite.
• E. Mazenod, l’un des auteurs de la loi Falloux qui a livré l’enseignement public au clergé.
• Le cardinal A.I Schuster, soutien de Mussolini, notamment dans la guerre de rapines contre l’Ethiopie.
• Des centaines de prêtres voués à la réaction chouanne pendant la Révolution française et d’autres centaines de curés franquistes pendant la Révolution espagnole.
• Il a accordé sa bénédiction apostolique au nazi belge, Léon Degrelle, réfugié dans l’Espagne franquiste et aussi au général chilien Pinochet.
• condamné les Lumières comme mère du fascisme.
Nul ne peut ignorer que l’homme de religion se doublait d’un homme politique actif et partisan dont les choix sont jugés discutables par toute une partie de l’opinion publique, y compris à Metz.
Est-il possible que la Ville de Metz glorifie un homme qui n’a cessé de remettre en cause la légitimité du système parlementaire et de ses élus ?
Dans l’exercice de leur mandat, les élus de la République ne devrait-ils pas plutôt s’en tenir à une certaine forme de neutralité afin que soit respectée la liberté de conscience des Messines et des Messins qu’un tel choix choque indéniablement, notamment dans le monde associatif ?
Cette décision étant une atteinte supplémentaire à la loi du 9 décembre 1905 séparant les églises de l’ Etat qui est quotidiennement transgressée dans notre département, les associations signataires de cette lettre vous demandent une audience afin de pouvoir vous exposer leur désaccord profond.
Dans l’attente de votre réponse, recevez, Monsieur Le Maire, l’expression de notre haute considération.
Fédération de la Libre Pensée de la Moselle
Comité Laïcité République de Lorraine
Association des Amis du Chevalier de la Barre de Metz
Groupe messin des Amis du Monde diplomatique
Fédération des libres penseurs de Meurthe et Moselle
Lire le communiqué du CLR Les drapeaux de la République en berne pour un chef religieux (4 av. 05), voir dans notre Revue de presse : la rubrique Séparation, ainsi que, dans la rubrique Liberté de conscience, “Benoît XVI s’en prend aux "espérances fallacieuses" des idéologies athées” (lemonde.fr , 30 nov. 07) (note du CLR).
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