Revue de presse

"Sport : derrière le voile des Hijabeuses" (Charlie Hebdo, 16 fév. 22)

18 février 2022

[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

"Depuis plusieurs semaines, le hijab dans le sport revient dans l’actualité. Qui a remis ce sujet sur les radars de l’information ? Alliance citoyenne, une association qui n’en est pas à son coup d’essai quand il s’agit de créer des problèmes là où il n’y en a pas.

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Des jeunes femmes réunies en collectif (les Hijabeuses) voudraient faire changer le règle­ment de la Fédération française de football (FFF) pour jouer en hijab. Il faut comprendre comment ce sujet a émergé sur la place publique. À l’œuvre, Alliance ­citoyenne, dont nous vous avions parlé à propos de ses ­actions en faveur du burkini à Grenoble. Sous couvert de partir des revendications de la base, avec leur « méthode Alinsky » – du nom d’un socio­logue, fondateur du community organizing, ou « organisateur de communautés » –, l’association s’est spécialisée dans la création de problèmes là où il n’y en a pas. Leur argumentaire est quasi manipulatoire. Il laissait entendre, à l’époque du mouvement pour le burkini, en se réfé­rant à Rosa Parks, que des femmes étaient exclues des piscines à cause de leur couleur de peau, ce qui était faux. Maintenant, les membres de l’assoce estiment que l’article 1 de la FFF, qui interdit « tout port de signe ou tenue manifestant ostensiblement une appartenance politique, philosophique, religieuse ou syndicale », priverait « des centaines de personnes de la pratique de leur sport favori en compétition ». Comme si, là encore, des femmes y étaient interdites de par leur identité religieuse. Or il s’agit juste d’un foulard, qu’il est possible d’enlever, au moins momentanément, comme c’est le cas pour les jeunes femmes voilées lorsqu’elles franchissent le portail de l’école.

Alliance citoyenne déroule sur son site tout le processus qu’elle a mis en place. « Juin 2019 : lancement d’une recherche coordonnée par une sociologue auprès d’une centaine de footballeuses pour étudier les effets de cette exclusion sur les jeunes joueuses musulmanes. » Il s’agit donc bien d’une initiative d’Alliance citoyenne, qui part à la recherche de ces jeunes femmes. Puis, en janvier 2020, des footballeuses sont réunies par l’association pour, notamment, mettre en place une « expérience d’une simulation de négociation avec la FFF pour s’entraîner à aller arracher le changement ». La même année se crée le « syndicat » des Hijabeuses « au sein d’Alliance citoyenne ». Voilà pour la « stratégie grassroots » (à la base), comme l’assoce l’appelle. Puis vient la « stratégie juridique » : en novembre 2021, leur avocate ­dépose un recours devant le Conseil d’État. Dans ce processus millimétré vient aussi une « stratégie d’alliances » : c’est chose faite, avec une tribune parue dans Libé, signée par plusieurs sportifs de renom, suivie d’une pétition soutenue par plus de 60 000 personnes.

Sans surprise, en face, le sujet est instrumentalisé par les sénateurs LR, qui, en pleine campagne présidentielle, en ce mois de janvier, ont voté un amendement généralisant l’interdiction aux sportifs et sportives de porter des signes religieux, amendement ensuite abrogé à l’Assemblée nationale. Le sujet a même donné lieu à une cacophonie entre la ministre déléguée à l’Égalité entre les femmes et les hommes, Élisabeth Moreno, et la ministre déléguée à la Citoyenneté, Marlène Schiappa.

La question à se poser, c’est : quel est le symbole de ce foulard  ? C’est le plus souvent un outil de propagande politique et religieuse. Alors, si la propagande politique peut être autorisée pendant les matchs, il faudrait accepter que dans un stade on joue avec un tee-shirt « Je vote Poutou » ou « Je suis végane ». À gauche, beaucoup de féministes n’osent plus rappeler quelques évidences. L’argument des Hijabeuses, paradoxalement, est celui de la liberté des femmes. Pourtant, il s’agit de promouvoir ici des règles de pudeur religieuse sexistes. #LetUsPlay (« Laissez-nous jouer »), c’est leur slogan. Quel dommage que ce soit si proche de #LetUsTalk (« Laissez-nous parler »), celui des femmes iraniennes, qui, elles, se battent pour ne plus être obligées de porter le voile, si peu relayé dans les médias."

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