Mario Stasi (Licra)

Solidaires Etudiants et l’Unef veulent censurer Charb ! (M. Stasi, 25 jan. 18)

26 janvier 2018

Le CLR a appris hier que des étudiants appartenant au Syndicat « Solidaires » de l’université Paris Diderot s’étaient mis en tête d’exiger de la présidence de l’Université l’annulation de la pièce jouée par Gérald Dumont à partir du texte posthume de Charb, qui y sera présentée le mercredi 31 janvier.

Nous avons pu constater, depuis que l’artiste parcourt courageusement la France pour donner vie à ce texte décapant, irrévérencieux, progressiste, antiraciste, « anticons » aurait dit Charb, que la Lettre aux escrocs de l’islamophobie qui font le jeu des racistes est devenue un révélateur.

Révélateur des reniements, des trahisons, des contresens, des peurs, du paternalisme, de la bêtise, de la bigoterie communautariste, doloriste et victimaire qui veut enfermer nos compatriotes de culture musulmane dans le seul rôle dans lequel les aiment tous ces militants égarés qui appliquent avec enthousiasme et aveuglement les principes édictés par George Orwell, en particulier celui-ci, « la vérité c’est le mensonge ».

Être Charlie, c’est lutter pour la liberté absolue de conscience, pour l’égalité absolue entre tous les citoyens, quelle que soit leurs origines. C’est faire le pari de l’intelligence et de l’émancipation contre les ghettos de l’assignation identitaire. Nous préférons vivre ensemble plutôt que de coexister.

C’est pourquoi, partageant entièrement l’indignation et la position de la LICRA face aux agissements de ces jeunes censeurs, nous avons décidé de soutenir et de promouvoir le texte de son président.

Diderot aurait bien ri…

Le Comité Laïcité République.

Ils veulent censurer Charb !

L’acharnement contre Charlie Hebdo a atteint hier des limites qu’il faut dénoncer avec la dernière énergie. Le syndicat étudiant « Solidaires » de l’Université Paris 7 Diderot a demandé à la présidence de l’Université l’annulation de la pièce jouée par Gérald Dumont à partir du texte posthume que Charb avait terminé d’écrire quelques jours seulement avant le 7 janvier 2015, la Lettre aux escrocs de l’islamophobie qui font le jeu des racistes. La section locale de l’UNEF se serait même proposée d’envahir l’amphithéâtre de l’établissement le jour de la représentation, pour empêcher la pièce d’être jouée.

Les arguments avancés par « Solidaires » sont tout simplement odieux : la pièce de Charb serait « raciste » et « islamophobe ». Pire, cette pièce serait un acte visant à légitimer la violence envers les musulmans, reprenant au mot près l’argumentation de la « guerre aux musulmans » déployée par Edwy Plénel contre Charlie Hebdo.

Nous assistons à une véritable capitulation et au retour d’un esprit munichois qui, chaque jour, organise nos reculades et nos reniements. La déprogrammation de ce spectacle ne serait pas une simple annulation : ce serait un acte de censure, de lâcheté et de trahison de nos valeurs.

Cette tentative de sabordage n’est pas la première et, malheureusement sans doute, pas la dernière. Chacun se souvient qu’à l’Université de Lille 2, le président avait invoqué le « risque de débordements » pour annuler la représentation. La Ligue des Droits de l’Homme avait annulé la représentation prévue à la Maison régionale de l’environnement et des solidarités (MRES) de cette même ville, craignant « de cautionner au final la ligne politique mise en avant par Charlie depuis Val ».

Il ne faut pas céder devant ces appels à la censure et à l’enfermement de la création artistique, qui plus est à l’université, lieu où se sont forgées tant de controverses, tant de libertés. Nous sommes devant un choix : celui de capituler devant l’obscurantisme et ses idiots utiles qui ont déclaré à Charb et à Charlie Hebdo une guerre posthume. Ou alors relever la tête, défendre la mémoire des suppliciés de janvier 2015 pour dire que nous refusons que la liberté d’expression soit bradée à des petits Torquemada aux petits pieds. Si nous avons participé à « Toujours Charlie » à l’initiative du Printemps républicain et du Comité Laïcité République, c’est aussi pour remplir les devoirs que nous avons, collectivement, envers les victimes de l’islamisme.

Nous refusons d’obéir à ceux qui nous enjoignent de mettre les Lumières sous l’éteignoir de leur obscurantisme et dénonçons ceux qui, consciemment ou pas, leur trouvent des excuses et des justifications. La LICRA invite l’ensemble des acteurs culturels, universitaires et associatifs à diffuser l’oeuvre de Charb et à faire jouer, partout où ils le pourront, l’adaptation théâtrale de ce texte.

Quand on étudie, comme les étudiants « Solidaires » de l’Université Paris 7, dans une université qui porte le nom de l’inventeur de l’Encyclopédie, pourfendeur de la censure et emprisonné par elle, on devrait crouler sous la honte à l’idée même de vouloir censurer une pièce dont l’auteur est mort pour avoir défendu la liberté d’expression. Notre soutien doit être total à ceux qui font vivre le texte de Charb pour nous rappeler, encore et toujours, sans désemparer, pourquoi il est mort, avec ses camarades de Charlie Hebdo.

Toujours Charlie !

Mario Stasi

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