Edito du CLR

Charb censuré : le bal des faux-culs (G. Abergel, 4 av. 17)

par Gilbert Abergel, premier vice-président du Comité Laïcité République. 4 avril 2017

Le texte de Charb ne sera lu ni à Lille, ni au « off » d’Avignon. L’expression de sa liberté de penser, de ses convictions, de tout ce pourquoi il a perdu la vie, n’aura pas droit de cité.

Les raisons ? « Des problèmes d’organisation, le non respect de procédures, la crainte de débordements et le refus de cautionner une ligne politique défendue par Charlie Hebdo. » La mort, le 7 janvier 2015, par exécution capitale décrétée au nom d’une vision pervertie de l’islam ne bouleverse plus. Le deuil est, pour certains, une étape depuis longtemps franchie. L’horreur de cet acte barbare s’estompe aves le temps et l’acceptation de cette deuxième mort infligée à Charb et à Charlie signe la couardise des détenteurs des canons de l’antiracisme. Après avoir inventé le concept plus que douteux d’« islamophobie », ils craignent, disent-ils, au nom même de cette imposture conceptuelle, les débordements.

Le MRAP, et la LDH, comprennent. Ils comprennent les raisons de cette lâcheté.

Ils comprennent, et regrettent. Ils auraient bien voulu, mais …

« Assassiné, puis censuré » selon un journaliste italien, « Mort deux fois » pour un éditorialiste de La Voix du Nord, « Un mort réduit au silence » pour Raphael Glucksmann. Charb, par la nouvelle censure dont il est victime, vient, post mortem pourrait-on dire, nous rappeler la détermination de ceux qui parient sur notre lassitude à vouloir défendre la liberté absolue de conscience.

Ce concept mou qu’est l’"islamophobie" n’est là que pour servir de faux nez à ceux qui s’obstinent à ne voir dans les agissements de ces fascistes que la revanche d’une histoire coloniale, ou l’expression d’un malaise social.

La religion peut tuer. Elle tue quand elle est instrumentalisée par le fanatisme et l’obscurantisme.

Elle continuera à tuer tant qu’elle trouvera des hommes et des femmes pour comprendre leur logique totalitaire.

Charb nous avait prévenus, beaucoup ne l’ont pas cru. Il est mort de cette solitude.

Il nous revient, aujourd’hui, de dénoncer ce "principe de précaution" qui muselle les prises de positions courageuses dont nous avons aujourd’hui cruellement besoin.

Assumer les risques de débordements, opposer une fin de non recevoir aux menaces proférées à l’encontre de nos libertés, d’autres le font, quotidiennement. D’autres le feront encore, heureusement. Ni la Maison régionale de l’environnement et des solidarités (Mres) de Lille, ni Avignon ne s’y sont risqués.

On était en droit d’espérer que cette censure serait unanimement condamnée. On pouvait imaginer qu’en dépit des difficultés, supposées ou réelles, les organisateurs auraient mis un point d’honneur à rendre un hommage mérité à celui qui a perdu la vie pour ses convictions.

Cet aveuglement est coupable. Il est à craindre que ce ne soit pas le dernier, hélas, il y en aura d’autres.

Nous dénoncerons sans faillir chacune de ces lâchetés, et ce "bal des faux-culs" qui, par angélisme ou par ignorance, ne fait que valider les stratégies de ces assassins de la liberté de penser.

Gilbert Abergel



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