Revue de presse

« Quand les Iraniennes volent au secours des féministes d’Occident » (J. Birnbaum, Le Monde, 21 oct. 22)

Jean Birnbaum, rédacteur en chef du "Monde des livres", auteur de "La Religion des faibles" et "Un silence religieux" (Seuil). 20 octobre 2022

[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

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" [...] Bientôt, sur les campus des Etats-Unis et d’Europe de l’Ouest comme dans les cercles de la gauche dite « postcoloniale », une même idée allait se répandre : la solidarité des femmes occidentales avec leurs sœurs en terre d’islam masquerait souvent un état d’esprit condescendant, voire raciste ; les militantes qui se réclament d’un féminisme universaliste, en vertu duquel le mot d’ordre « Mon corps m’appartient ! » doit être défendu partout de la même manière, seraient aveuglées par leurs œillères occidentalo-centrées, et donc complices de la domination « blanche ».

Dans les universités américaines les plus prestigieuses, une telle argumentation fait l’objet de maints discours savants. En France, si la problématique postcoloniale a nourri moins de travaux élaborés, elle a toutefois inspiré une multitude d’articles engagés, et quelques livres d’intervention. Paru en 2012, le bref essai intitulé Les Féministes blanches et l’empire (La Fabrique), assez léger intellectuellement, n’en aura pas moins marqué une étape. Ses auteurs, Félix Boggio Ewanjé-Epée et Stella Magliani-Belkacem, y formulaient cette thèse appelée à être largement reprise : l’« obsession » des féministes pour le voile islamique marque leur « ralliement » à une entreprise colonialiste et raciste.

Depuis lors, on aura pu lire toutes sortes de textes, académiques, journalistiques ou politiques, martelant peu ou prou la même idée. « Mon corps ne m’appartient pas. Aucun magistère moral ne me fera endosser un mot d’ordre conçu par et pour des féministes blanches (…) J’appartiens à ma famille, à mon clan, à ma race, à l’Algérie, à l’islam », résumait la fondatrice du Parti des indigènes de la République, Houria Bouteldja. Coutumière de propos tranchés, cette dernière n’a pas hésité à écrire que le président iranien Mahmoud Ahmadinejad était devenu son « héros » quand il déclarait, en 2007, qu’il n’y avait pas d’homosexuels en Iran : « la rhétorique persane à l’usage des progressistes blancs fait mouche », s’est-elle enthousiasmée. [...]"

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