Culture / Cinéma

Novembre - Fiction ou document, choisis ton camp camarade ! (E. Moreau)

par Edouard Moreau. 23 octobre 2022

[Les échos "Culture" sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

Novembre, de Cédric Jimenez et Olivier Demangel (1 h 47), avec Jean Dujardin, Anaïs Demoustier, Lyna Khoudri, Sandrine Kiberlain. Sorti le 5 oct. 22.

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Novembre reconstitue l’enquête menée par les policiers antiterroristes pendant cinq jours et nuits après les massacres du 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis.

Il est présenté comme un film d’action. Ainsi, l’affiche avertit : « Par le réalisateur de Bac Nord ». Et se contente de l’image de la star Jean Dujardin. Réducteur pour des attaques qui ont fait 130 morts et 350 blessés...

Certes, sur la forme, Novembre satisfait aux canons du genre. L’équipe fait montre d’une grande maîtrise avec des images léchées et un montage hystérique.

Le problème c’est, pour le dire brutalement, que Novembre présente les inconvénients du film d’action sans en apporter les avantages.

On ne va pas répéter ce qu’ont déjà dit nos confrères. En bref, connaissez-vous un seul film policier où l’on ne vous montre absolument rien de l’infraction elle-même ? Dans Novembre, le spectateur apprend qu’il y a eu des attentats quand le(s) téléphone(s) sonne(nt) chez les flics. « Le cinéaste et son scénariste, Olivier Demangel, expliquaient combien il leur importait de ne pas « filmer l’infilmable » et d’éviter les reconstitutions macabres et obscènes » [1].

Dans la même logique sans doute, on a l’impression que, peut-être par respect pour les victimes, chacun des acteurs principaux joue à l’économie.

Jean Dujardin ne lève pas un cil, champion dans le style « Je suis un responsable écrasé par mes responsabilités ».

Sandrine Kiberlain est sans doute venue au studio pour une sympathique comédie familiale, mais elle s’est trompée de porte et, embarquée dans cette histoire de terrorisme, elle semble aussi étonnée que le spectateur.

Heureusement, les performances d’Anaïs Demoustiers et Lyna Khoudri sauvent l’ensemble, démontrant une fois de plus l’importance des « second rôles » quand le reste ne tient pas la route. Le personnage de Lyna Khoudri a donné lieu à une polémique dont on se saurait dire si elle a bénéficié ou nuit au film, quand « Sonia » a poursuivi la production pour avoir été présentée comme affublée d’un foulard islamique [2].

Une mention aussi aux interprètes des « méchants », islamistes, hauts en couleur. Il y a là quelques acteurs d’avenir...

Il faut voir Novembre, mais comme une espèce de procès-verbal, bref plutôt un documentaire (maladroitement) maquillé en film d’action.

Edouard Moreau


Voir aussi les chroniques Cinéma dans la rubrique Culture, dans la Revue de presse la rubrique Attaques du 13 nov. 15 (Paris et Saint-Denis) (note du CLR).


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