Adopté à l’issue du Colloque du CLR « Laïcité et enseignement supérieur » (Paris, 30 mai 15) 30 mai 2015
A intervalle régulier, depuis quelques années, la question de la laïcité dans l’enseignement supérieur affleure dans le débat public à l’occasion de situations problématiques rencontrées dans quelques universités. La presse s’en fait l’écho de façon plus ou moins avisée, minorant les problèmes ici, là les grossissant. Syndicats et partis politiques républicains, toutes tendances confondues, sont traversés de prises de positions contradictoires qui rendent souvent leurs discours confus.
Si personne ne prétend la situation alarmante dans l’ensemble des établissements d’enseignement supérieur, nous pensons qu’il est du devoir des forces vives de la Nation – à commencer pas ses élus – de considérer la question et la traiter collectivement.
Il faut en finir avec le déni des problèmes qui s’accompagne souvent de la condamnation sans appel de ceux qui osent les nommer, au nom d’arguments fallacieux quand ils ne sont pas carrément insupportables.
Non, il ne suffit pas que les étudiants soient majeurs pour qu’ils se voient soustraits à l’application du principe de laïcité. A ce compte-là, faudrait-il dispenser les étudiants de classe préparatoire et de BTS – tout aussi majeurs que ceux qui fréquentent l’université – de respecter la loi du 15 mars 2004 comme ils le font depuis onze ans dans les lycées qu’ils fréquentent ? Et non, vouloir l’application du principe de laïcité dans l’enseignement supérieur ne signifie nullement vouloir "stigmatiser" quelque étudiant de quelque confession que ce soit !
Au demeurant, l’interdiction des signes et tenues manifestant ostensiblement une appartenance religieuse ne devrait selon nous concerner que les seuls amphithéâtres, salles des cours et autres situations d’enseignement et d’examens. Cette interdiction devrait-elle passer par une loi ou faire simplement l’objet, établissement par établissement, de son inscription dans leur règlement intérieur ?
A n’en pas douter cette dernière démarche serait déjà un progrès par rapport à l’existant. Mais l’expérience, quinze années durant, de 1989 jusqu’au vote de la loi de 2004, d’une application divergente du même principe de laïcité d’un établissement scolaire à un autre, nous a appris à préférer la loi. C’est elle qui rassemble, qui protège, qui unit.
Quoi qu’il en soit, c’est au Parlement de prendre le temps d’en débattre et d’entendre les professionnels concernés, ceux qui, tels nos intervenants d’aujourd’hui, se battent pour affirmer et faire vivre la laïcité dans l’enseignement supérieur.
Les députés ont d’ailleurs récemment montré la voie : ignorant les atermoiements de la Commission nationale consultative des Droits de l’Homme et de l’Observatoire de la laïcité qui les enjoignaient de n’en rien faire, ils ont su, le 13 mai dernier, voter à l’unanimité une loi sur la neutralité des personnels de crèches. C’est à eux également qu’il revient de s’emparer de la question qui nous a réunis aujourd’hui. A tout le moins, pour la traiter, une mission parlementaire du type de celle qu’avait conduite Jean-Louis Debré en 2003 [1] serait particulièrement bienvenue.
Comité Laïcité République
le 30 mai 2015.
Voir Colloque du CLR « Laïcité et enseignement supérieur » (Paris, 30 mai 15) (note du CLR).
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