Revue de presse

J.-P. Sakoun : "La loi de 1905 est défiée" (lexpress.fr , 6 nov. 18)

Jean-Pierre Sakoun, président du Comité Laïcité République. 6 novembre 2018

"Emmanuel Macron pourrait modifier la loi de 1905. Jean-Pierre Sakoun, président du comité Laïcité République, réagit.

À l’occasion de l’annonce d’une probable adaptation de la loi de 1905 par le gouvernement, et alors que se tient, ce mardi soir, la cérémonie de remise des prix de la Laïcité du Comité Laïcité République à l’Hôtel de Ville de Paris, L’Express a rencontré son président, Jean-Pierre Sakoun.

L’EXPRESS. Comment se porte la laïcité, actuellement, dans la société française ?

Jean-Pierre SAKOUN. Elle me paraît défiée tant par des cultes institutionnalisés que par des religions moins institutionnalisées. D’un côté, il y a eu les prises de parole très récentes de l’épiscopat français sur la fin de vie et sur la PMA, ou celle du Pape François sur l’IVG ; de l’autre, à travers un islamisme politique, très présent sur le terrain, on assiste à une offensive très pensée et déterminée contre la laïcité.

A ces "tirs croisés", s’ajoutent les prises de position d’associations séparatistes, qu’elles s’affichent communautaristes ou se présentent comme indigénistes, dont le but commun est d’affaiblir le pacte républicain. Dans une telle configuration, la remise des prix des CLR, à l’issue des travaux d’un jury indépendant présidé cette année par Françoise Laborde, va être une occasion importante de rendre la parole laïque un peu solennelle, en récompensant des personnalités éminentes qui aident par leur action au maintien de notre cohésion républicaine.

Quelles ont été les initiatives les plus récentes du CLR ?

Nous sommes un mouvement d’idées dont la vocation est de délivrer des formations à la laïcité au niveau national et local et d’aider les responsables publics et associatifs à forger leur jugement. Nous souhaitons rappeler à tous que la laïcité est un principe de liberté, d’universalisme et d’émancipation, inscrit au coeur de la République. Et nous sommes, plus que jamais, un interlocuteur privilégié des élus de la République. Le 23 septembre, j’ai été auditionné par la Commission de révision de la Loi bioéthique. Je me suis plutôt efforcé de leur montrer que la laïcité peut être envisagée comme un outil d’exploration de cette question. Visiblement, ils étaient très intéressés.

Comment la laïcité est-elle défendue par l’exécutif, depuis l’élection d’Emmanuel Macron ?

Depuis 2017, à l’exception d’une limitation du contrôle sur le financement des cultes, il n’y a pas eu d’atteinte massive à la laïcité. On peut constater, chaque jour, une certaine stabilité de la législation. Au travers de l’action d’un homme comme Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Education nationale, une volonté réelle se manifeste même d’inscrire durablement la laïcité au coeur de la problématique de la laïcité. En revanche, les paroles tenues par certains membres du gouvernement et par le président de la République lui-même interpellent.

A quoi pensez-vous ?

Lors des voeux aux représentants des cultes, Emmanuel Macron a confessé l’inquiétude que lui inspire la "radicalisation" de la laïcité, et ce, à quelques jours de l’anniversaire des massacres de Charlie Hebdo et de l’HyperCacher. Le président a, en outre, fait état de sa volonté de réorganiser les cultes, dans une direction qui ne nous semble pas spécialement conforme à l’esprit de la loi de 1905. La vigilance et le dialogue permanent avec les pouvoirs publics s’imposent donc."

Lire "Laïcité : "La loi de 1905 est défiée"".


Voir aussi la rubrique Prix de la Laïcité 2018 et "Loi de 1905 : les choix de Macron" (L’Opinion, 5 nov. 18), « Macron a explicité sa vision d’une laïcité de reconnaissance » (temoignagechretien.fr , 5 juil. 18), "La laïcité n’est pas une pizza !" (J.-M. Bouguereau, larepubliquedespyrenees.fr , 28 juin 18), Macron : "Nous avons anthropologiquement, ontologiquement, métaphysiquement besoin de la religion" (lefigaro.fr , 26 juin 18), J.-P. Sakoun : Chez Macron, "il n’y a pas que les paroles, il y a les actes" (francetvinfo.fr , 26 juin 18), L’adoption définitive de la loi « Société de confiance » remet en cause la Loi de Séparation (CLR, 23 juin 18), dans la Revue de presse la rubrique Loi "Société de confiance" (2017-18), J.-P. Sakoun : "L’idéal laïque des élus s’est affaibli" (lexpress.fr , 10 mai 18), Ph. Foussier : "Cette neutralité qu’on exige des fonctionnaires, il faut qu’elle retrouve du sens au plus haut niveau de l’Etat" (GODF, 1er mai 18), Un président de la République a pour devoir de ne reconnaître aucun culte (CLR, 10 av. 18), J.-P. Sakoun : « Je regrette que M. Macron ait donné le sentiment de s’adresser à l’Eglise en croyant » (LCI, 10 av. 18), le discours de Macron aux évêques (9 av. 18) : “Le lien entre l’Eglise et l’Etat s’est abîmé, il nous importe à vous comme à moi de le réparer” (la-croix.com , 10 av. 18), E. Macron : On a trop vite inféré "de cette neutralité de l’Etat une absence" (elysee.fr , 4 jan. 18), "Laïcité et voeux aux cultes de Macron : la confusion" (G. Chevrier, atlantico.fr , 12 jan. 18), "Devant les chefs religieux, Emmanuel Macron dénonce une "radicalisation de la laïcité"" (AFP, nouvelobs.com , 22 déc. 17), E. Macron : le politique n’aura pas "une prééminence" sur les religieux (AFP, lemonde.fr , 22 sep. 17) (note du CLR).


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