Revue de presse

"Au congrès de la FCPE, des propos sur Samuel Paty font polémique et ravivent des fractures internes" (lefigaro.fr , 4 juil. 21)

6 juillet 2021

[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

Par Paul Sugy

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"Alors qu’elle était réunie pour son congrès annuel ce week-end à Albi, la FCPE a de nouveau été épinglée sur les réseaux sociaux pour des propos polémiques au sujet de la laïcité. Dans un tweet supprimé depuis par le compte Twitter du premier syndicat de parents d’élèves, une phrase prononcée par sa co-présidente Carla Dugault lors de son discours au congrès samedi était rapportée comme suit : « L’atroce assassinat de Samuel Paty a démontré avant toute chose que l’école telle qu’elle est, ne répond plus collectivement à faire vivre la laïcité et des échanges pacifiés dans la communauté éducative. »

De nombreux professeurs ou parents d’élèves se sont indignés, regrettant que l’assassinat de Samuel Paty soit évoqué en des termes ambigus, et que le coupable désigné par Carla Dugault soit d’abord l’école, et pas le terrorisme islamiste. « Atteindre (sic) à la mémoire de Samuel Paty en utilisant son assassinat comme la ’preuve’ de l’incapacité de l’école à ’faire vivre la laïcité et des échanges pacifiés dans la communauté éducative’ est un acte particulièrement vil », a par exemple commenté un professeur d’histoire. « Est-il vraiment décent de mettre l’école en accusation ? Et les professionnels engagés qui la font vivre ? » s’est interrogée de son côté Christine Guimonnet, la secrétaire générale de l’Association des professeurs d’histoire-géographie.

Pour le cofondateur du Printemps républicain Gilles Clavreul, le propos est « hallucinant » : « il s’agit d’une lecture dépolitisée, coupée du réel, de l’assassinat de Samuel Paty : la FCPE en fait un simple fait divers, avant d’enchaîner sur des considérations oiseuses au sujet de la laïcité », explique-t-il au Figaro.

« La FCPE s’est comportée comme Ponce Pilate »
Gilles Clavreul, au sujet de l’attitude de la FCPE avant le meurtre de Samuel Paty

Ce n’est pas la première fois, du reste, que la FCPE fait polémique sur le sujet. En septembre 2019, l’association avait fait parler d’elle lors de la parution de sa nouvelle affiche de campagne, mettant en scène une accompagnatrice de sortie scolaire voilée. Et en décembre, un article de L’Express relayait des critiques précises sur le rôle joué par la FCPE en amont de l’assassinat de Samuel Paty. Accusée d’avoir encouragé les parents à porter plainte contre l’enseignant, la FCPE avait alors dénoncé une calomnie, sans remettre explicitement en cause les propos tenus par le professeur d’histoire interrogé par nos confrères. « Cette association n’a pas joué son rôle au moment du drame, elle s’est comportée comme Ponce Pilate, et depuis elle est incapable de nommer courageusement les faits », ajoute Gilles Clavreul, qui dénonce au sein de la FCPE « une dérive idéologique » propre selon lui « à une gauche minoritaire qui a peu à peu pris la main sur l’ensemble de la fédération ».

Dissensions internes et mouvements de fronde

De plus en plus souvent sous le feu des critiques, la FCPE a opté pour une stratégie offensive à l’encontre des militants laïques qui la mettent en cause. Ainsi a-t-elle pris le parti de porter systématiquement plainte contre ses détracteurs, à l’instar de l’universitaire Laurent Bouvet du Printemps républicain, mais aussi de la journaliste Anne Rosencher ou encore de l’Inspecteur général de l’Éducation nationale Jean-Pierre Obin, auteur d’un rapport sur l’entrisme de l’islamisme à l’école. Ce dernier a d’ailleurs remporté un procès en diffamation intenté par la FCPE.

« Cette offensive judiciaire vise également les élus FCPE qui, en son sein, osent interroger cette dérive. Mises en demeure judiciaires, suspensions des mandats : nous faisons face à ce qu’il faut bien appeler une tentative d’étouffement de la démocratie interne », écrivent les signataires d’un « Appel du 2 avril » dénonçant justement une dérive de la FCPE, jugée trop complaisante à l’égard de l’islam, et ce « de l’affaire Mila à l’assassinat de Samuel Paty ».

Ces signataires (des dizaines d’adhérents, rejoints par plusieurs militants laïques tels Fatiha Agag-Boudjahlat, Raphaël Enthoven, Caroline Fourest...) renvoient l’association à « ses propres statuts, par lesquels elle s’engage, dès 1947, à ’propager l’idéal laïc’ et ’resserrer les liens indispensables entre les parents et les enseignants’ ».

Parmi les signataires du texte, certains n’hésitent pas à parler d’une fracture séparant désormais l’exécutif de la FCPE, replié sur une ligne caractéristique d’un milieu spécifique (la banlieue parisienne très islamisée), tandis que les sensibilités exprimées dans d’autres départements sont tout bonnement laissées de côté. Ainsi le président de la fédération du Bas-Rhin Xavier Schneider a tenté, sans succès, de déposer une motion d’opposition au congrès de la FCPE, dénonçant notamment un fonctionnement de moins en moins démocratique. Dans une courte intervention ce dimanche matin, au lendemain de la phrase polémique de Carla Dugault, il a dénoncé ouvertement des propos « très malheureux » et a exigé de l’ensemble des participants que soit observée une minute de silence en hommage à Samuel Paty.

Il aurait été plus simple de dire tout bonnement que l’assassin de Samuel Paty était un illuminé islamiste, sans avoir à remettre en cause l’ensemble des enseignants
Xavier Schneider, président de la FCPE 67

« Son discours n’était pas clair, même maladroit et totalement inopportun : chacun pouvait comprendre ce qu’il voulait ! Il aurait été plus simple de dire tout bonnement que l’assassin de Samuel Paty était un illuminé islamiste, sans avoir à remettre en cause l’ensemble des enseignants », explique-t-il au Figaro. Il dénonce encore un courrier de la FCPE défendant une « laïcité ouverte et inclusive », estimant pour sa part que « la laïcité n’a pas besoin d’adjectifs » car « ceux qui l’en affublent sont souvent les adversaires de la laïcité ». Et se demande enfin si la FCPE n’est pas en train de « perdre son âme ».

Si pour l’heure il est le seul président départemental à s’opposer frontalement à la ligne défendue par le bureau national de la FCPE, Xavier Schneider qui est lui-même sur le départ espère que la campagne de réadhésion de la rentrée se fera en partie sur cette thématique. Du reste, la FCPE enregistre depuis plusieurs années déjà une baisse significative du nombre de ses adhérents. Ses deux co-présidents, Carla Dugault et Rodrigo Arenas, n’ont quant à eux pas répondu à nos sollicitations."

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