Revue de presse

Zineb El Rhazoui : "Sur Gaza, le double standard de mes anciens alliés pseudo-laïques m’a révoltée" (marianne.net , 22 nov. 23)

Zineb El Rhazoui, journaliste et essayiste, présidente du jury du Prix de la Laïcité 2015. 22 novembre 2023

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"[...] Certains de ceux qui me soutenaient par « universalisme républicain » lorsque je critiquais le terrorisme islamiste se sont transformés en chantres de la vengeance collective, incapables de regarder les Palestiniens comme des êtres humains. [...]

De quoi perdre foi non seulement en ces pseudo-humanistes - en réalité aussi identitaires que les islamistes que je dénonçais à leurs côtés - mais aussi en la justice et en le droit international. [...]

J’ai conservé de mon éducation ce qui me permettait de tendre vers l’universel, et me suis délestée de ce qui favorisait le repli, le communautarisme et la division. C’est justement le double standard écœurant de mes anciens alliés qui m’a révoltée. Cela me glace le sang d’observer tous ces soi-disant humanistes adouber mot à mot la propagande militaire de Tsahal, et accuser tout un peuple d’être un peuple de terroristes. Cela me pousse à faire un constat sans appel sur toutes ces personnes qui, en toute bonne conscience, assistent depuis Paris, ivres de vengeance, au massacre des enfants de Gaza. [...]

J’ai toujours fait preuve de beaucoup de tact à aborder cette question avec certains de mes amis juifs, parce que je sais à quel point le sujet est douloureux pour eux. Toutefois, lorsque la machine meurtrière du gouvernement d’extrême droite de Netanyahou se déchaîne sur les civils avec autant d’aveuglement et de sadisme, se taire c’est être complice. Chacun a le droit d’avoir ses propres affinités politiques, et de les exprimer. Mais s’émouvoir des victimes civiles israéliennes, tout en n’affichant que mépris et silence lorsque l’armée israélienne tue dix, onze ou douze fois plus de civils du côté palestinien, c’est une trahison des fondamentaux les plus universels de l’humanité : l’égalité entre tous les hommes, et la fraternité au-delà des différends politiques et idéologiques.

En réalité, lorsque je défends le peuple palestinien dans son droit à vivre, à se libérer de la colonisation et de l’occupation, je ne trahis pas la devise française : liberté, égalité, fraternité. Ce sont ces pseudo-laïques qui ont pris fait et cause pour Tsahal, qui se montrent aujourd’hui comme des monstres assoiffés du sang des Palestiniens, qui trahissent leur humanité, leurs valeurs, et même la tradition diplomatique française sur ce conflit. Peut-on prétendre être laïque si l’on dénonce les boucheries halal et les crèches de Noël, tout en se taisant sur les colons juifs fanatisés qui persécutent les Palestiniens en Cisjordanie et les chassent de leurs maisons au nom d’une idéologie religieuse millénariste et messianique ? [...]

La laïcité ne peut en aucun cas servir à taper sur l’islamisme à l’exception des autres intégrismes qui menacent la paix dans le monde et dans notre pays. Et dois-je rappeler que combattre l’islamisme et défendre le droit des Palestiniens n’est pas incompatible ? [...]"



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