Remise des Prix de la Laïcité le 10 novembre 2021

VIDEO Rachida Hamdan : "Je résiste pour l’avenir de mes filles" (Prix de la Laïcité, 10 nov. 21)

Militante associative à Saint-Denis. Mention au Prix national 2020. 16 novembre 2021


Je suis très heureuse d’être ici parmi vous aujourd’hui. Lorsque j’ai appris en 2020 que j’étais retenue pour ce prix, je ne m’y attendais pas tout. C’est donc d’autant plus un plaisir et un honneur.

En ces temps où notre modèle de société - dont les valeurs fondatrices sont liberté, égalité, fraternité - sont réellement en danger, recevoir le prix de la laïcité prend une signification toute particulière et me met peut-être un peu plus en danger aussi. Mais j’estime que notre modèle républicain en vaut la peine.

Je suis militante féministe et universaliste depuis toujours et j’ai estimé nécessaire, depuis quelques années, d’ajouter laïque !

C’est devenu nécessaire, quand j’ai pu constater l’emprise du religieux sur nos vies. Pas seulement certains jours de la semaine, mais au quotidien. Pas seulement dans les lieux dédiés, mais dans des lieux censés être institutions de la République.

Par mon origine algérienne, et l’expérience de quelques vacances d’étés de terreur dans les années 90, je sais ce que cela implique quand le religieux quitte le domaine de la spiritualité et s’immisce dans celui du politique.

Depuis 2015 les attentats meurtriers se succèdent en France, ils ont fait plusieurs centaines de morts, le summum de l’horreur a été atteint par la décapitation d’un professeur, monsieur Samuel Paty. Ces attentats nous ont épouvantés mais n’ont en rien fait reculer les velléités communautaires et religieuses de certains individus.

Je crois que les événements qui secouent notre pays depuis quelques années ne font que confirmer l’urgence de la situation.

Du fait de mes activités et mon engagement sur la voie de la laïcité et du respect des valeurs républicaines, j’ai subi des attaques d’une très grande violence, des insultes, de la diffamation, et des menaces. Parfois face au manque de réactivité de l’institution, j’ai été tentée de tout lâcher et de m’isoler mais étant aussi femme et mère avertie, je résiste pour l’avenir de mes filles.

Il est vrai aussi que le terme laïcité souffre de définitions et d’interprétations plus au moins justes en fonction du côté où on se pose.

En droit, la laïcité est le « principe de séparation dans l’État de la société civile et de la société religieuse » et « d’impartialité ou de neutralité de l’État à l’égard des confessions religieuses ».

La laïcité s’oppose à la reconnaissance d’une religion d’État.

Pour certains, laïcité rime avec interdiction de croire, elle serait une arme contre les croyants, version à laquelle ont recours les activistes de la bigoterie pour inciter les croyants à la haine de l’Etat et des institutions.

Pour d’autres, la laïcité, c’est au contraire le droit de pratiquer de manière ostentatoire sa religion partout sans restriction voire d’en imposer les préceptes même à ceux qui ne croient pas. Quitte à piétiner les fondements de la République.

Pour d’autres encore, c’est l’effacement total de toute référence à la religion.

Selon moi, la laïcité est la solution et non le problème.

C’est une digue essentielle pour maintenir l’égalité entre les citoyens quelles que soient leurs croyances, et l’égalité même entre religions. L’Histoire et aussi la situation dans certains pays qui disposent d’une religion d’Etat, nous montrent combien la cohabitation pacifique est rarement de mise.

Pour conclure, il est primordial de défendre notre modèle de société basé sur la laïcité : sans laïcité pas de fraternité, pas de liberté, pas d’égalité.

Merci.


Voir aussi la rubrique Prix de la Laïcité 2020-2021 dans Prix de la Laïcité (note du CLR).


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