Revue de presse

""Tyrannie du mérite" : Olivier Faure coupable d’appropriation culturelle" (S. Fort, L’Express, 9 fév. 23)

Sylvain Fort, conseiller en communication, chroniqueur à "L’Express", ancien conseiller du président Macron puis responsable du pôle communication de l’Élysée. 12 février 2023

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""Le mythe de l’égalité des chances ne peut masquer les déterminismes culturels et sociaux. Nous voulons l’école de l’égalité et de la mixité sociale. Engager la rupture avec la tyrannie du mérite, voilà ce qui doit nous porter !" Voilà ce qu’a cru bon de dire Olivier Faure au soir de sa triomphale réélection à la tête du Parti socialiste. Faut-il aussitôt monter sur nos grands chevaux en prenant fait et cause pour le "mérite", cette valeur que les meilleurs esprits inlassablement opposèrent à la "naissance" ?

[...] Faut-il ici redire les efforts accomplis par la République, en France, pour que la rente soit battue en brèche par les diplômes, pour que le savoir prévale sur les titres, et le mérite sur l’héritage ?

A vrai dire, d’autres peuvent bien mener ce combat contre la prise de position du premier secrétaire. C’est autre chose qui nous a frappé dans ce propos. C’est que "la tyrannie du mérite" n’est pas une expression forgée par Olivier Faure, ou son logographe, mais par l’universitaire américain Michael Sandel. Son livre, The Tyranny of Merit, analyse avec acribie la situation américaine. En analysant les parcours sociaux, la répartition sociologique des diplômes, le rôle de l’argent dans les formations du supérieur, mais aussi le discours américain sur la hiérarchie des grades et les droits ouverts par l’accès au diplôme, Sandel pointe le double standard américain : un discours méritocratique fortement plombé par une réalité sociale qui reste catastrophiquement inégalitaire.

Quand Olivier Faure reprend ce terme, il faut donc comprendre qu’il applique au cas français la lecture par Sandel de la situation américaine. De là, on peut inférer plusieurs choses. D’abord, qu’il connaît manifestement très mal la situation américaine, et encore plus mal la situation française. Car si les inégalités sociales persistent en France et se traduisent dans les parcours scolaires, placer les deux systèmes éducatifs sur un pied d’égalité relève d’une distorsion totale de la vérité, d’une ignorance crasse des différences entre nos dispositifs éducatifs, d’une volonté complètement erronée de ramener à la situation américaine les difficultés de l’éducation en France, et même peut-être du sourd désir d’importer en France des solutions qui sont marginalement efficaces aux Etats-Unis, mais ne répondent pas du tout aux défis de l’école en France. [...]"



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