Revue de presse

"Transition de genre : comment les militants trans ont infiltré la Haute autorité de santé" (lefigaro.fr , 16 juin 23)

19 juin 2023

[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

"La HAS planche sur de nouvelles recommandations médicales pour la prise en charge des personnes transgenres. Mais son groupe de travail fait la part belle aux associations transactivistes.

Par Paul Sugy

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[...] La HAS entend répondre à la hausse exponentielle du nombre de Français souhaitant transitionner, phénomène qui soumet le monde médical à de nouveaux défis : entre 2012 et 2020, les demandes d’opérations chirurgicales de réassignation ont été multipliées par 4 (plus de 450 demandes en 2020, selon l’Assurance maladie). Le nombre total de séjours hospitaliers liés au transsexualisme, lui, a triplé (1615 séjours en 2020). La transition de genre peut revêtir plusieurs formes : sociale (se faire appeler par un autre prénom, demander d’être « genré » différemment dans les interactions de la vie quotidienne), administrative (changer de prénom et de sexe à l’état civil) ou médicale (bloqueurs de puberté, traitements hormonaux, chirurgie de la poitrine ou des organes génitaux).

Or, dans le domaine médical, cette hausse des demandes s’accompagne d’une montée en puissance des revendications des mouvements trans, qui dénoncent des conditions d’accès trop difficiles aux parcours de transition. Ces militants réclament en particulier deux choses : être impliqués davantage en tant qu’acteurs des décisions de santé relatives aux trans, et obtenir la dépathologisation complète des parcours de transition. À leurs yeux, la prudence des acteurs de santé (psychologues, endocrinologues, gynécologues, chirurgiens...) confrontés à des patients qui souhaitent transitionner constitue un « gate-keeping », un obstacle au libre choix des trans, qu’il faudrait faire sauter à tout prix. [...]

La HAS sait pourtant qu’elle s’avance sur un terrain délicat, car ce qu’il convient dorénavant d’appeler la « question trans » est loin, tant s’en faut, de faire l’unanimité parmi les professionnels de santé. Dans de nombreux pays, la précipitation avec laquelle les autorités ont donné droit aux revendications des trans est aujourd’hui critiquée par des médecins, voire des personnes ayant transitionné, qui dénoncent le manque de recul et de prudence concernant l’accès à des opérations parfois irréversibles. C’est la prise en compte de ces alertes qui a conduit en février 2022 l’Académie nationale de médecine à prendre position dans ce débat pour appeler à « une grande prudence médicale », rappelant que des institutions médicales comme l’hôpital universitaire de Stockholm ont d’ores et déjà fait machine arrière, par exemple sur la prescription de bloqueurs de puberté. L’Académie de médecine craint ainsi un « risque de surestimation diagnostique » et relève une augmentation du nombre de jeunes adultes qui souhaitent « détransitionner », regrettant d’avoir effectué une transition sans prendre suffisamment le temps d’en mesurer les effets. [...]

[La HAS] a refusé catégoriquement de nous communiquer d’elle-même son panel d’experts, au motif que « les membres du groupe de travail ne doivent pas subir d’influences extérieures » au cours de leurs échanges. À moins que ce ne soit par gêne, compte tenu de l’absence manifeste d’équilibre dans la représentation des points de vue au sein du groupe ? Le Figaro a en effet pu constater que pratiquement tous les experts sollicités adhèrent très largement aux thèses des mouvements transactivistes. La composition du groupe de travail met également à jour des conflits d’intérêts préoccupants.

Celui-ci a en effet été confié à deux co-présidents : Clément Moreau, un psychologue transgenre qui exerce au sein d’une association transactiviste, l’Espace Santé Trans. Et le chirurgien Nicolas Morel-Journel, spécialisé dans les opérations de changement de sexe et notoirement connu pour son soutien aux revendications des trans en matière d’accès à ces opérations. En d’autres termes, la présidence du groupe de travail échoit donc à un militant trans et à un professionnel de santé qui vit presque exclusivement des revendications portées par les trans. Dans le second cas, la question d’un conflit d’intérêts constitué par la co-présidence de Nicolas Morel-Journel se pose même : les décisions que prendra le groupe de travail qu’il co-préside auront un effet direct sur l’étendue de sa patientèle dans les années à venir (selon si l’accès à la chirurgie de changement de sexe est facilité ou, au contraire, restreint).

Le reste du groupe de travail de la HAS pose au moins autant de questions. Sur la grosse vingtaine de personnes qui le composent, sept au moins ont déjà effectué une transition de genre. On compte dans le groupe six personnes qui n’ont pour seule expertise que leur activisme au sein des mouvements trans, dont la coprésidente d’OUTrans, Anaïs Perrin-Prevelle, l’ancienne journaliste Béatrice Denaes, fondatrice de Trans Santé France et auteur d’un livre en 2020 sur le récit de sa transition, les militantes Claire Vandendriessche (membre de ACCEPTESS-T, de l’Espace Santé Trans et d’OUTrans) et Louve Zimmeramann (auteur d’articles pour ACCEPTESS-T), ou encore Marie Terrouche, qui milite pour l’acceptation des transitions des enfants après avoir accompagné celle de son fils.

Plus surprenant, parmi les professionnels de santé retenus pour prendre part au groupe de travail, l’écrasante majorité d’entre eux n’ont pas le recul critique nécessaire pour discuter des revendications émises par les associations trans, puisqu’ils les ont déjà largement épousées dans des prises de position publiques, ou à travers leurs engagements associatifs. Ainsi la gynécologue Nathalie Chabbert-Buffet semble estimer que la prise en charge médicale des personnes trans est encore insuffisante ; le psychiatre Jean Chambry a défendu à plusieurs reprises les transitions de genre pour les mineurs ; la généraliste Laura de Salas Prado est elle-même trans, et membre du Réseau Santé Trans de Saint-Étienne ; le psychiatre Marc Fillâtre défend l’accès à la PMA pour les hommes trans ; la généraliste Julie Gilles de la Londe a participé à plusieurs conférences aux côtés d’OUTrans ; la psychiatre Lucie Jurek est membre de Trans Santé France et alignée sur les positions de la WPATH ; la gynécologue Thelma Linet, trans elle aussi, est signataire d’un texte réclamant « l’autonomie médicale des adolescents mineurs qui souhaiteraient transitionner », texte également signé par la pédiatre Laetitia Martinerie ; la gynécologue Christine Louis-Vahdat est explicitement recommandée sur des sites d’associations trans qui répertorient les praticiens sensibles à leur cause ; le chirurgien François-Xavier Madec, tout comme Nicolas Morel-Journel, est un chirurgien spécialisé dans les changements de sexe... Le groupe est complété par quelques praticiens seulement qui n’ont pas de liens directs avec les mouvements trans. L’Observatoire de la Petite Sirène, un collectif de praticiens et chercheurs qui appelle à la prudence sur la transition de genre pour les adolescents, avait demandé à intégrer le groupe de travail, ce que la HAS a refusé. [...]"



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