Revue de presser

"Transactivisme : la censure n’a pas de genre" (Charlie Hebdo, 23 nov. 22)

24 novembre 2022

[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

Caroline Eliacheff, Céline Masson, La Fabrique de l’enfant transgenre, éd. L’Observatoire, 2022, 112 p., 12 €.

"Insultes, manifestations, rencontre annulée... Quand il s’agit de parler transition et transactivisme, la censure des petits commissaires politiques n’est jamais bien loin.

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Coauteure de l’essai La Fabrique de l’enfant-transgenre [1], Caroline Eliacheff rencontre les plus grandes difficultés pour en parler publiquement. Son ouvrage traite de la dysphorie de genre, autrement dit du sentiment ou du besoin de changer de sexe pour être en phase avec son identité. Et sa position est on ne peut plus claire. Elle estime qu’aucun traitement, qu’aucune intervention ne devrait être possible avant la majorité des personnes désireuses de « transitionner ». Une position logique, mais qui vaut à la pédopsychiatre de s’attirer les foudres de certains transactivistes, prompts à taxer de « transphobie » tous ceux qui osent faire valoir le temps de la réflexion et le principe de précaution.

Jeudi 17 novembre, à Lille, où Caroline Eliacheff était invitée à présenter son livre à la médiathèque, le collectif ­LGBTQI local exerçait des pressions et préparait des manifestations contre sa venue. Malgré le soutien de l’association organisatrice, Citéphilo, et celui de la maire, Martine Aubry, la réunion prévue n’a pu se tenir. En lieu et place, une heure d’injures et de hurlements contre ce qu’ils appellent « le militantisme transphobe de Caroline Eliacheff et de l’Observatoire de la petite sirène » [2], dont elle est codirectrice. Un grand classique, tant on prend l’habitude de voir certains militants trans perturber les associations féministes, harceler les lesbiennes, brutaliser les manifestantes pour les droits des femmes. On peut déplorer aussi la facilité avec laquelle ces censeurs parviennent à faire régner la terreur auprès de certains élus. Dernier exemple en date, à Paris Centre, où le maire, Ariel Weil, a cédé à la pression et aux menaces de ces petits commissaires politiques en annulant un colloque prévu depuis longtemps.

Organisée par l’association Wizo et intitulée « Les nouveaux enjeux des parents », cette rencontre devait accueillir deux tables rondes sur les addictions des enfants et des ados, les placements en famille d’accueil, le mal-être adolescent… La question de la transsexualité n’étant qu’un des nombreux volets abordés.

Dans un tweet du 14 novembre, la mairie parisienne écrit avoir « été alertée sur la participation de chercheurs aux positions controversées à un événement d’une association à qui elle prêtait une salle ». Point n’est besoin d’être grand clerc pour comprendre qu’il s’agit de Caroline Eliacheff et de Céline Masson. La municipalité poursuit : « En accord avec l’organisateur de l’événement et en cohérence avec nos engagements, nous avons décidé d’annuler la tenue de ce colloque. » Et de conclure, grandiloquente : « La mairie est engagée contre toutes les discriminations et contre la transphobie. »

Vérifications faites, la mairie – que nous avons contactée mais sans obtenir de réponse – se donne surtout le beau rôle. « J’ai appris lundi 14 novembre au soir que le colloque prévu ­dimanche 20 novembre, à l’occasion de la Journée internationale des droits de l’enfant, était annulé, explique à Charlie Nathalie Elmalih, l’organisatrice du colloque. Le directeur de cabinet du maire m’a téléphoné en me disant que la mairie avait reçu trop de messages de menaces et d’intimidation. Il se voyait contraint d’annuler pour des raisons de sécurité. » Pour prévenir tous les intervenants de ce revirement brutal, Nathalie Elmalih demande à recevoir un mail argumentant cette décision, qui a tout d’une lâcheté doublée d’une censure qui ne dit pas son nom. Le 16 au soir, nouveau message de la mairie confirmant l’annulation sans aucune explication. ­Depuis, l’organisatrice, qui n’est pas du tout « en accord » avec la mairie, se dit au contraire « outrée » : « On marche sur la tête en considérant que ce sujet est transphobe. Ces chercheuses incitent juste à la prudence : quel enfant ne s’est jamais posé de questions sur son identité  ? Ce colloque devait être un temps d’échange sur les violences faites aux enfants et leur détresse. » Le débat d’idées concernant des pratiques médicales ou chirurgicales invasives sur des enfants et des adolescents est légitime. Sauf à la mairie de Paris Centre, apparemment."

[1Avec Céline Masson (Éditions de l’Observatoire).

[2Collectif pluridisciplinaire de professionnels de santé, praticiens et chercheurs, qui entend mettre en garde les professionnels de l’enfance contre l’impact des réseaux sociaux et du militantisme, notamment chez les mineurs sujets à la dysphorie de genre.



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