3 octobre 2014
"Ils se retrouvent le dimanche pour "célébrer la vie" en chantant du Claude François et en lisant Epicure. "L’Obs" y était. Reportage.
"Alexandrie… Alexandra !" Dimanche dernier, dans une salle parisienne du 17e arrondissement, 150 paires de mains voguent en rythme sur les souvenirs de Clo-Clo. Grand blond barbu au look vaguement christique, Sanderson Jones fait une entrée de pop star. "Bienvenue à la première Sunday Assembly de France ! Nous allons célébrer la vie !"
La Sunday Assembly, c’est une messe, mais sans Dieu. Pendant une heure et demie, les ouailles chantent, tapent dans les mains, écoutent une participante lire un poème de Pierre Reverdy ou le philosophe Charles Pépin discourir sur la joie en citant pêle-mêle saint Paul, Epicure et Clément Rosset. Quelques enfants trottinent sur l’estrade. Comme à l’église, un organisateur fait la quête. Ensuite, ce sera café, petits gâteaux et bavardages, dans une atmosphère festive. Secte d’un nouveau genre ? Pas vraiment. Ici, on ne vous siphonne pas le porte-monnaie et le "gourou" verse volontiers dans l’autodérision.
"Pour moi qui suis plutôt timide, c’est un bon moyen de rencontrer des gens", confie la jeune Nadia, agent d’accueil et blogueuse, qui a été avertie de l’événement par le site de "Psychologies". Hélène, documentaliste venue avec une copine, est restée sur sa faim : "Le message est un peu flou, on ne sait pas trop qui est ce type ni où il veut en venir. Quant aux choix musicaux… Mais le philosophe était bien."
Francis, patron d’une petite boîte informatique, a eu le coup de foudre pour le concept et a rejoint il y a deux jours le staff de bénévoles chargé de l’organisation : "Je me reconnais dans ce genre de communauté, positive et sans jugement. Ça permet de lutter contre la solitude, de créer des solidarités. On sera un peu comme des francs-maçons mais plus libres, plus accueillants."
La Sunday Assembly propose aussi des activités. Parmi lesquelles visite du musée et du jardin Albert-Kahn, randonnée dans le bois de Boulogne, apéro sur les Grands-Boulevards à Paris…
Créée il y a deux ans à Londres, cette congrégation laïque se développe à une vitesse miraculeuse. Environ 60 Sunday Assembly se réunissent régulièrement à Bruxelles, Hambourg, Sydney, Dublin, Amsterdam… On en compte 16 aux Etats-Unis, dont 3 pour le seul Etat de l’Ohio. "J’ai toujours aimé la messe. Le chant, les sermons, l’idée d’appartenir à une communauté. Mais je ne crois pas en Dieu", raconte non sans humour Sanderson Jones, qui a été stand-up comédien avant de cofonder cette congrégation avec Pippa Evans (elle aussi comédienne).
Leur credo : "Vivre mieux, aider souvent, s’émerveiller plus." Ironie du sort, alors qu’ils s’attendaient à des critiques venues des fondamentalistes, c’est du côté des athées militants que sont arrivées les attaques : trop proches des rituels et de la philosophie chrétienne, ils font figure de traîtres à la cause de l’athéisme. [...]"
Lire "Sunday Assembly : l’église des athées débarque à Paris".
Comité Laïcité République
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