Revue de presse

"Richard Malka, fais ce qu’il te plaide" (liberation.fr , 15 oct. 13)

17 octobre 2013

"Conseil de « Charlie Hebdo », de DSK et de Baby-Loup, cet avocat défend la liberté d’expression, la vie privée et la laïcité.

[...] Richard Malka est un avocat visible et écouté, un polémiste vertébré et habile qui courbe parfois son crâne rasé à la recherche d’une indulgence dont il n’a nul besoin. Il a brandi le droit au blasphème de Charlie Hebdo dans l’affaire des caricatures. Il plaide pour le respect de la vie privée, celle de DSK comme celle de tout un chacun, et milite pour le droit à l’oubli et « celui de ne pas savoir ». Surtout, ces jours-ci, le conseil de Caroline Fourrest contre les Le Pen remonte au créneau pour la crèche Baby-Loup, pour une laïcité sans voile, pour que le multiculturalisme cesse de jouer les idiots utiles de l’obscurantisme et du sexisme.

Judaïté, Baby-Loup, pastafarien. Né en 68, Malka est d’une génération qui entretient avec la religion un rapport détaché, décomplexé. Il n’a connu ni crise mystique, ni revirement anticlérical. Il traite sa culture juive avec une distance affectueuse. Tailleur pour dames et mère au foyer, ses parents sont des « juifs libéraux » venus du Maroc, qui tenaient à ce qu’il fasse sa bar-mitsva. Lui se félicite d’avoir étudié le Talmud « pour l’agilité d’esprit » que cela développe, et voilà tout.

Quand il lui est demandé de faire l’état des lieux de ses croyances, Malka lance, avec un sérieux de pape : « Je suis pastafarien. » Devant les points d’interrogation qui surgissent, il raconte la volonté du créationnisme de s’inscrire dans les programmes scolaires américains. Et cet étudiant du Kansas qui fait valoir qu’il croit aux monstres casqués de spaghettis volants et qui exige que ses convictions soient enseignées à l’égal des autres. La blague fait le buzz et, sous l’averse de gaudriole, les créationnistes repartent la mine défaite. De l’intérêt de l’humour pour moucher les fondamentalismes…

Malka tient à l’exception laïque française. Il aurait voté la loi sur la burqa, hésite à légiférer sur le voile à l’université. Il est venu sur le dossier Baby-Loup via le couple Badinter, croisé par hasard lors d’un séjour à Dakar, vacances groupées qui se répètent depuis, chaque année. [...]

Malka se sent à l’aise sur le dossier DSK versant Carlton. Il adore cibler le puritanisme ambiant, l’hypocrisie des bien-pensants, les croche-pattes que fait le moralisme à la liberté de mœurs. Dans un long entretien aux Temps modernes, il pointe le dévoiement d’un certain féminisme : « A l’origine, c’est un mouvement d’émancipation, de liberté, de rire, de jouissance. C’est devenu très normatif, assez intolérant et ça rigidifie les rapports entre les hommes et les femmes. » Et de sulfater aussi l’hypocrisie de presse, ce besoin de tout exhiber de l’intimité, sous couvert de transparence : « Nous avons vu débarquer dans l’affaire DSK des investigateurs-procureurs dégoulinants de bonne conscience, jugeant, condamnant et commettant des erreurs à chaque page. » L’un des mis en cause lui renvoie durement la balle : « C’est un faux cool malgré ses pieds sur le bureau, un faux mec de gauche et un vrai menaçant. »

Malka aurait voulu être journaliste. D’où sa fascination pour ce quatrième pouvoir dont il surévalue la puissance, qu’il décrypte avec pertinence autant qu’il cherche sa reconnaissance. Au lieu de devenir biologiste, autre rêve, il scénarise des bandes dessinées et fait vivre un bestiaire contrasté où l’on croise Sarkozy, des sagas familiales d’avocats, une fable animalière. Surtout en BD, il crée des univers SF, sa madeleine d’adolescent qui n’acceptait de lire Stendhal et Hugo que pour avoir droit à Asimov et Van Vogt.

Siné, Clearstream, Iacub. Malka ne fait pas l’unanimité. Parfois, ses fidélités le lestent en boulet quand les grandeurs et misères d’un métier tachent une robe noire que la fonction oblige à retourner.
1) Malka a grandi au cœur de la galaxie Charlie Hebdo, pouponnière en fantaisie. Il était du côté de Philippe Val, mais a tenté l’impossible pour pacifier les rapports avec Siné. Sans succès aucun, d’où ces haines recuites à court-bouillon.
2) Il a plaidé pour Clearstream, la banque luxembourgeoise qui s’attaquait au journaliste-investigateur Denis Robert. Il détaille la difficulté de l’exercice comme il pointe la logique victimaire de son adversaire qui lui réserve quelques chiens de sa chienne.
3) Il était ami avec Marcela Iacub. Il l’a fait condamner pour ses cochoncetées romancées et revendiquées avec DSK. Preuve que s’entrechoquent des droits auxquels Malka tient, liberté d’expression contre vie privée. Le copain d’avant : « On le traite de cynique humaniste. Richard est vraiment les deux. Surtout, il a un côté fouteur de merde. Il rend fou le logiciel gauchiste et contre-culturel. » L’amie de maintenant : « Il va vite, a le sens de la repartie. Et surtout, on peut compter sur lui. »

[...] Il ne comprend pas que la gauche veuille punir les clients de la prostitution, s’abstienne de légaliser le cannabis ou se tortille en mollassonne sur la laïcité . Tout cela est dit avec une précision douce et ponctué d’un petit sourire contrit de sacripant en aube blanche…

En 6 dates
6 juin 1968 Naissance à Paris XIe. 1986 Bac. 1992 Prestation de serment d’avocat. 2007 Défense de Charlie Hebdo pour les caricatures de Mahomet. 2011 Rejoint la défense de DSK. 17 octobre 2013 Audience de la crèche Baby-Loup."

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