Revue de presse

"Retour de djihad" (lemonde.fr , 6 oct. 14)

8 octobre 2014

"Ils sont partis pour la Syrie comme d’autres s’en vont en week-end : avec une carte d’identité, deux pantalons, deux pulls et un billet d’avion à 79 euros acheté sur un coup de tête. Ibrahim et Kader, un Français et un Franco-Tunisien de 24 et 26 ans, ont quitté Marseille un lundi de septembre 2012, par le vol du soir, avec leur sac à dos pour seul bagage. Le djihad est à quatre heures d’avion et, si l’on se débrouille bien, à moins de 100 euros. A Istanbul, Pegasus Airlines, la compagnie locale, assure la liaison avec Hatay (Antioche). C’est là, dans cette ville de l’extrême sud de la Turquie, qu’à cette époque convergent les apprentis moudjahidin.

Les jeunes volontaires, pleins d’enthousiasme et d’allant, arrivent du monde entier. Ils ont reçu leur feuille de route sur Internet. La Syrie est au bout de la rue. L’aventure s’annonce exaltante. Enfin, leur vie prend tout son sens. Combattre Bachar Al-Assad, sauver le peuple syrien du joug du dictateur, voilà qui a de l’allure. C’est dangereux, certes. Peut-être mourront-ils avant l’heure. Mais quand on a 20 ans, qu’importe de vivre vieux si l’on a vécu intensément. Et s’ils mouraient, ce serait en martyrs, sur la terre de « Shâm » (Syrie, en arabe) là où la mort est paraît-il délicieuse, où le sang se transforme en musc. Jamais, en revanche, ils n’ont envisagé l’option prison. Ils y sont pourtant depuis leur retour en France, en février. [...]

Sur le chemin du retour, un samedi de janvier, près de dix-huit mois après son départ pour la Syrie, Ibrahim est contrôlé à Orestiada, dans le nord-est de la Grèce. Dans sa poche, la fameuse clé USB sur laquelle un mode d’emploi de 55 pages donne tous les détails de la « réalisation de bombes artisanales au nom d’Allah ». Il dit venir d’Italie, aller en Turquie. On le relâche. Les policiers français l’arrêtent un mois plus tard, au pied de l’immeuble de son père, à Mandelieu-la-Napoule. Que se serait-il passé, sinon ? Ibrahim avait Mohamed Merah pour modèle. Il avait prévenu ses proches : s’il échouait en terre d’islam, il prendrait sa revanche en France. Le temple franc-maçon du boulevard de la République, à Cannes, était sa cible. Il l’avait choisi parce qu’il le croyait sioniste. Il « s’imaginait entrer dans le bâtiment et tuer tout le monde un par un jusqu’à ce que la police vienne pour le tuer », a reconnu un ami devant les enquêteurs. [...]"

Lire "Retour de djihad".


Comité Laïcité République
Maison des associations, 54 rue Pigalle, 75009 Paris

Tous droits réservés © Comité Laïcité RépubliqueMentions légales