par Gilbert Abergel, président du Comité Laïcité République 6 janvier 2025
Il y a dix ans, nous avons hurlé notre rage et notre douleur. Nous étions des millions à marcher pour affirmer que la terreur islamiste portée par de prétendus « vengeurs du prophète » n’auraient pas raison de notre amour de la liberté, que nous saurions collectivement nous montrer plus forts que la peur qu’elle cherchait à imposer. Ils s’appelaient Frédéric Boisseau, Franck Brinsolaro, Cabu, Elsa Cayat, Charb, Honoré, Bernard Maris, Ahmed Merabet, Mustapha Ourad, Michel Renaud, Tignous, Wolinski. Ils ont été assassinés par des hommes portés par une croyance meurtrière.
D’autres massacres ont suivi, faisant de cette journée du 7 janvier le second épisode d’une sinistre série initiée à Ozar Hatorah, et qui allait se prolonger à l’Hyper cacher, dans les rues de Montrouge et Paris, à Nice, à Saint Etienne du Rouvray.
Nous avons eu droit à toutes les explications, du « loup solitaire » à l’« islamisation de la radicalité ». Toutes révélatrices d’un déni coupable. Il a fallu du temps pour que soit reconnue l’ampleur de la menace, pour que la République prenne conscience de la nécessité de défendre ses principes fondamentaux.
La manifestation historique du 11 janvier qui suivit le massacre ressemblait à un sursaut salvateur, comme la révolte d’un peuple de citoyens désirant préserver ses libertés. Nous pouvons craindre à présent qu’elle n’ait été qu’une réaction émotive, incontestablement sincère, mais non fondatrice d’une résistance face à la barbarie. Nous le savons maintenant, nous l’avons dit et écrit, les « Je ne suis pas Charlie » sont sortis du bois, parés d’une respectabilité inespérée.
Aujourd’hui, cette menace persiste, sous une forme différente mais tout aussi efficace. Ce sont nos associations sportives, nos universités, notre école qui subissent la pression d’un islam radical conquérant.
Les multiples manifestations auxquelles nous assistons en ces journées anniversaires sont nécessaires, mais elles ne suffiront pas. Il ne s’agit pas, en effet, de céder à cette manie contemporaine des commémorations, mais bien de trouver, dans le rappel de cette histoire tragique, la force de résister et de sauvegarder nos libertés. C’est le seul chemin pour honorer la mémoire de ceux qui sont tombés.
Gilbert Abergel,
président du Comité Laïcité République
Comité Laïcité République
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