République et laïcité : le contre-exemple de la “réforme” des retraites

par Jacques Lafouge, vice-président du CLR 1er août 2010

République et Laïcité

A qui ment-on ?

Selon la définition classique, la république est le gouvernement du peuple par le peuple. C’est du moins ce que précise l’article 2, 5e alinea du Titre premier de Constitution du 4 octobre 1958 : « Son principe est : gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ».

Si le peuple gouverne, faut-il encore qu’il soit informé afin qu’il puisse faire connaître sa volonté à ses représentants à l’Assemblée nationale. Le débat, ou prétendu tel, sur les retraites est de ce point de vue particulièrement illustratif.

Y a-t-il eu débat ?

Non !

Le 16 juin au matin le ministre du Travail communiquait à l’ensemble des organisations syndicales les lignes directrices de son projet de réforme des retraites : âge légal porté à 62 ans en 2018, allongement de deux ans dans les régimes spéciaux, passage à 41,5 ans de cotisation en 2020, hausse des cotisations des fonctionnaires de 7,85 à 10,55 %, etc. Autant dire que de négociations il n’y en a pas eu, ou discrètement, en coulisse.

L’essentiel n’est pas là. Sur un sujet de cette importance, qui touche directement ou à terme tous les citoyens de ce pays, un grand débat national s’imposait qui aurait permis de donner à chacun les éléments du problème, réel par ailleurs, et de susciter ainsi un débat national permettant l’éclosion d’idées, à charge ensuite aux députés de faire les choix qui s’imposeraient et d’arriver au meilleur compromis possible.

Au lieu de cela, le gouvernement présente un projet qui ne réglera pas le problème dans le temps.

La presse étrangère s’est fait l’écho des déclarations du commissaire européen à l’emploi et aux affaires sociales Laszlo Andor, et il ne semble pas que la presse française ait été particulièrement loquace sur le sujet.

De quoi s’agit-il ?

Devant le vieillissement de la population, la commission européenne a recommandé aux Etats membres d’augmenter la période de vie au travail de telle façon que l’âge de la retraite soit de 70 ans en 2060, ce en se basant sur des projections démographiques. Ainsi on pourrait garantir le paiement des pensions face à l’augmentation de l’espérance de vie. On doit choisir, est-il précisé, entre un appauvrissement des retraités et une augmentation des cotisations ou des gens qui travaillent plus et plus longtemps. Il faut donc prendre des mesures à long terme. Monsieur Andor incline pour une durée des carrières plus longues, car le nombre de retraités dans l’union européenne, comparé au nombre de travailleurs cotisants aux régimes de retraites, doublera à l’horizon de 2060. Il ajoute que la situation actuelle est insupportable.

Ce qui revient à dire qu’il faut analyser soigneusement l’équilibre entre le temps passé à travailler et le temps passé en retraite, ce qui exclut bien entendu les retraites anticipées.

« Travailler plus pour gagner plus », on l’avait déjà entendu mais on ne nous avait pas dit que c’était pour sauver les retraites.

Si en France on a peu ou pas fait allusion aux commentaires de Monsieur Andor, en Espagne en revanche le secrétaire d’Etat à la Sécurité sociale a réagi. Pour lui, une proposition du gouvernement d’élever l’âge de la retraite à 67 ans serait suffisante pour autant que cela soit fait rapidement. Faire autrement serait adopter la politique de l’autruche et tout retard entrainerait à terme des mesures plus traumatisantes. Il ajoutait d’ailleurs que les moins de 40 ans qui vont payer des cotisations ne percevront ensuite rien. Les syndicats espagnols ont bien entendu protesté.

Nous savions déjà que c’est Bruxelles qui impose ses directives. Alors pourquoi ne pas le dire clairement plutôt que de faire des lois en catimini qui ne seront à la fin que la traduction de décisions qui nous ont échappé et dont on nous aura caché l’essentiel ?

Alors, la République gouvernée par le peuple et pour le peuple ?

Il faudra aussi y revenir parce République et Laïcité, c’est avant tout la défense de la République. Celle dont nous rêvons.

Jacques Lafouge


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