Comité Laïcité République Marne

Reims : Hommage à Samuel Paty et Dominique Bernard (CLR Marne, 16 oct. 24)

(CLR Marne, 16 oct. 24). Jean-Paul Angers, président du CLR Marne 21 octobre 2024

Reims, esplanade Simone Veil, 16 octobre 2024.

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Photo : le président du CLR Marne, Jean-Paul Angers, et la première adjointe au maire de Reims, Véronique Marchet

« Regardons le monde pour constater que notre combat pour la laïcité n’est pas rétrograde, bien au contraire !

[Extrait du discours du président du CLR Marne, Jean-Paul Angers.]

Samuel Paty était professeur d’histoire-géographie au collège des Aulnes à Conflans-Sainte-Honorine. Le 16 octobre 2020, il y a quatre ans jour pour jour, Samuel Paty trouvait sur son chemin un fou de dieu, excité par la vindicte islamiste, qui l’égorgea et le décapita. Par cet acte d’une insoutenable barbarie, des forces obscurantistes, ennemies de notre République, des Lumières et de l’émancipation, se sont attaquées à notre pays et son creuset, l’Ecole.

Samuel Paty était un professeur courageux qui enseignait à ses élèves depuis des années le concept de liberté de conscience et de liberté d’expression. Il utilisa, entre autres, pour ce faire, des caricatures publiées par Charlie. Des parents fanatiques le dénoncèrent sur les réseaux sociaux, pour aboutir à cet acte d’une insoutenable barbarie.

Dominique Bernard était professeur de français au Lycée Gambetta d’Arras. Il était agrégé de lettres, féru de littérature, de culture et de musique, très apprécié de ses élèves et de ses collègues. Le 13 octobre 2023, il est tombé sous les coups de poignard d’un ancien élève, illuminé radicalisé.

« Je ne veux plus de discours », disait il y a trois jours la veuve de Dominique Bernard. Comme pour nous signaler que la meilleure des façons d’honorer leurs mémoires demeure la défense corps et biens de cette école laïque et républicaine, dont ils étaient les fidèles serviteurs. Comme pour nous rappeler qu’il n’est jamais inutile de diffuser des valeurs humanistes et émancipatrices. Comme pour nous inviter à ne plus baisser les yeux, à ne plus nous autocensurer dès lors qu’il est question de liberté de conscience, liberté d’expression, ou évocation du fait religieux.

Ce matin encore, sur des ondes radio nationales, la sœur de Samuel Paty nous exhortait : « Réveillez-vous ! »

Effectivement ne plus baisser les yeux, ne plus avoir peur, ne pas se laisser porter vers des zones de non retour au gré des tentatives de déstabilisation vers lesquelles les illuminés nous entraînent avec perversité, tout cela apparaît indispensable.

Les faux alliés et les vrais ennemis

Et puis, il y a les faux alliés et les vrais ennemis. D’un côté, ceux qui adjectivisent la laïcité (comme si ce qui est dans la loi de 1905 et 2004 pouvait être adjectivé) et ce pour la manipuler et en faire un nouvel outil d’exclusion (alors que sa vocation est contraire) et de l’autre côté ceux qui la qualifient de ringarde par pur opportunisme électoral.

Samuel Paty et Dominique Bernard nous auraient certainement invités à regarder le monde tel qu’il est. Nous avons eu le bonheur, les uns et les autres, de cotoyer des enseignants de leur trempe, qui nous ont rendus curieux, qui nous ont appris à analyser les situations, à nous affranchir des dogmes et des idoles, à nous faire notre propre arbitre, à user de notre liberté d’expression et de notre liberté de conscience. Notre République, depuis son avènement, a permis à des milliers, des millions de gens venus d’ailleurs, de s’intégrer et devenir citoyens à part entière par le respect de nos règles. L’école de la République, fondée sur le principe de laïcité, a contribué à l’émancipation de toutes et tous. Faire des citoyens et des citoyennes éclairés, c’est aussi garantir notre démocratie.

A regarder le monde, à la demande de ces professeurs, nous avons la nausée en pensant à Masha Amini, étudiante battue à mort à Téhéran, pour un voile mal ajusté ou encore à ces petites filles afghanes privées d’école parce que considérées comme des sous-êtres par le régime taliban. A regarder le monde, et à un degré bien moindre, nous nous étonnons du puritanisme religieux aux USA, grande démocratie, qui, dans divers états, cherche régulièrement à interdire aux femmes de disposer de leur corps et tente d’abolir l’avortement. A regarder le monde, nous constatons que le modèle britannique établi sur la juxtaposition et l’accommodement des religions s’essouffle lui aussi sérieusement.

Regardons le monde

Eh oui ! Regardons le monde pour constater que notre combat pour la laïcité n’est pas rétrograde, bien au contraire ! Continuer ce combat pour la Laïcité de notre République, c’est aussi œuvrer de la manière attendue à la mémoire de nos professeurs assassinés.

L’actualité, c’est également ce qui se passe au Proche-Orient avec, pour extension, la montée de l’antisémitisme dans notre pays. L’an passé, je disais : « L’actualité du Proche-Orient nous interpelle. Le Comité Laïcité République Marne condamne le terrorisme du Hamas ourdi par les obscurantistes et fanatiques. Tout comme nous dénonçons les théocraties ». Les professeurs Paty et Bernard nous rappelleraient certainement l’article 10, de la Déclaration des Droits de l’Homme (en 1789) : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi », ainsi que l’article 1er de la loi du 9 décembre 1905 : « La République assure la liberté de conscience ».

Notre modeste association n’a bien sûr aucune ambition à régler le conflit israelo-palestinien, mais, par contre, c’est notre rôle de dénoncer les atteintes à la liberté de conscience sur notre territoire, atteintes d’où qu’elles viennent et à l’encontre de qui que ce soit. Là aussi, il ne faut plus se taire, il ne faut pas avoir peur. L’histoire du siècle écoulé illustre parfaitement que l’isolement dans le silence et le mutisme rend la situation irréversible.

Nous n’oublierons ni Samuel Paty ni Dominique Bernard, parce que c’est notre devoir. Nous sommes sensibles au fait que le collège dans lequel exerçait Samuel Paty soit désormais à son nom. Plus localement, à Chalons-en-Champagne, un espace dédié à Cabu, notre dessinateur marnais, lui aussi sauvagement assassiné par des fanatiques islamistes, est une belle réussite. Justement, dans quelques mois, notre Comité national marquera le dixième anniversaire des évènements de Charlie, au début d’une année qui sera celle du centvingtenaire de loi de 1905. Notre Comité départemental salue d’ores et déjà toutes les initiatives qui pourront être prises pour ces moments et nous verrons de quelle manière nous y associer. »



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