30 septembre 2011
Remerciements
C’est grâce à la Premier adjointe au Maire de Paris, Anne Hidalgo, dont l’engagement et l’amitié ne font jamais défaut, que nous nous retrouvons pour la quatrième fois consécutive en ce lieu prestigieux. Je t’en remercie personnellement et te demande de bien vouloir transmettre ce message et notre salut laïque à Bertrand Delanoë.
Bienvenue à
Le Comité Laïcité République
Il a été fondé en 1991 à l’occasion de la première “affaire du voile” pour défendre la laïcité dont nous pressentions qu’elle allait être malmenée. Avec Maurice Agulhon, Régis Debray, Gisèle Halimi, Albert Memmi, Emile Papiernik, Yvette Roudy, Henri Caillavet et beaucoup d’autres.
Plusieurs nous ont quitté depuis. Cette année nous avons eu la tristesse de perdre :
Menaces sur la laïcité
Depuis notre précédente cérémonie des prix, la laïcité a fait l’objet de provocations et d’agressions, au point qu’on peut parler d’opération de demolition. Nous avons des raisons d’être inquiets.
Pêle-mêle, je veux rappeler :
1. La tentative de main basse sur la laïcité par l’extrême droite pour stigmatiser les musulmans et exploiter les peurs. Il faut rappeler que La laicite garantit la liberté de conscience et de pratiquer une religion. Elle n’est ni anti-musulmane, ni anti-chrétienne, ni anti-juive. Elle ne juge pas les religions. Elle n’interdit pas, elle sépare. Ce n’est pas l’islam qui est en cause, mais la non-application des lois laiques.
2. L’instrumentalisation du débat sur l’identité nationale, une identité coupée de sa dimension universaliste et laïque et renvoyée, comme pour l’Europe, à des racines religieuses.
3. Les atermoiements qui nourrissent la montée du communautarisme, lequel fait des ravages dans l’école publique, dans les hôpitaux, dans les quartiers, comme l’avait constaté le rapport Obin en 2004, et aussi dans les entreprises privées, ainsi que nous en dira un mot Alain Seksig, Président de la commission laïcité du Haut Conseil à l’Intégration (HCI), qui vient de rédiger un rapport sur les tensions communautaristes sur les lieux de travail. Comme disait Soljenitsyne, “Ouvrez les fenêtres, il est plus tard que nous ne pensons”. Il est temps de prendre la mesure des effets pervers des politiques différentialistes, des accomodements avec la loi commune, et d’aller vers un “véritable vivre ensemble”. L’utopie multiculturaliste démontre ses effets pervers. Il est temps de retrouver les accents de l’universalisme républicain. La République, c’est l’ensemble de citoyens libres et égaux en droits et en devoirs, quelles que soient leurs origines, leur couleur, leurs appartenances religieuses, philosophiques, et non la juxtaposition de communautés aux droits différents, vivant côte-à-côte, voire, de plus en plus souvent, les unes contre les autres. Nous serions irresponsables de ne pas prendre la mesure des problèmes et laisser le populisme s’engouffrer par cette brèche. La Laïcité constitue le principal outil dont nous disposons pour rendre sens à la citoyenneté et à fraternité qui, selon la formule de Régis Debray, commence là ou s’arrêtent les fratries.
4. La remise en cause de la laïcité elle-même.
Aussi devient-il nécessaire, de graver dans le marbre de la Constitution les principes de la loi de séparation. A sept mois de l’élection présidentielle, nous attendons des candidats républicains, et tout particulièrement de ceux qui porteront l’espoir de gauche, un engagement clair.
La laïcité, un engagement concret de tous les jours
Les deux lauréates du Prix 2011 témoignent, chacune dans leur domaine, que la laïcité n’est pas une idée abstraite mais un engagement concret de tous les jours.
Natalia Baleato, par son courage, a démontré l’ardente nécessité d’un engagement ferme, ici et maintenant, pour défendre concrètement les principes des Lumières. Elle a fait l’objet d’invectives, de menaces. Nous croisons les doigts en attendant la décision qui fera jurisprudence. Nous sommes fiers de la recevoir aujourd’hui et de lui rendre hommage.
Nadia El Fani, par son film courageux, qui lui vaut d’être menacée par les islamistes et censurée, démontre que la laïcite n’est pas franco-française. Comme la liberté, elle est destinée à tous les hommes et à toutes les femmes, d’autant que les femmes sont toujours les premières victimes des pouvoirs qui confondent églises et Etat. Aucun argument, fut-il celui de la diversité des cultures, ne saurait nous faire accepter l’inégalité entre hommes et femmes.
A Paris, à Tunis, lumière du Printemps arabe, où rien n’est encore acquis, la laïcité constitue un enjeu essentiel. Et, à travers elle, c’est l’universalisme des Lumières, comme réponse au choc annoncé des civilisations, qui est en jeu.
Je souhaite exprimer, au nom du Comité Laïcité république et de toutes les associations laïques, notre soutien et notre amitié à celles et ceux, qui, outre-Méditerranée, bravant les menaces obscurantistes, sont engagés sur la voie d’une démocratie laïque.
Comité Laïcité République
Maison des associations, 54 rue Pigalle, 75009 Paris
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