Revue de presse

“Polémique sur la location du stade de Lens aux Témoins de Jéhovah” (Le Monde, 18 juil. 06)

juillet 2006

"Les tribunes Delacourt, Lepagnot et Marek du stade Bollaert de Lens (Nord) vont faire le plein du 21 au 23 juillet. Présentation d’un nouveau joueur ? Non. Avant la reprise de la Ligue 1, les fidèles supporters sang et or vont être devancés dans leur enceinte fétiche par 20 000... Témoins de Jéhovah (TJ). De quoi retourner le sang de Charline Delporte, présidente de l’Association de défense des familles et de l’individu (ADFI) section Nord-Pas-de-Calais-Picardie.

Dans son bureau de la place Sébastopol à Lille, cette mère de famille, engagée dans la lutte contre les sectes depuis l’adhésion de sa fille aux TJ il y a quatorze ans, ne décolère pas. Elle tend ses courriers et les réponses embarrassées de la ville de Lens, accumulés depuis le mois de mai. L’affaire a même été évoquée à l’Assemblée nationale, le 28 juin, par le député Christian Decocq (UMP, Nord), dont la permanence est voisine de l’ADFI.

Le stade de football est loué au RC Lens, et le maire, Guy Delcourt, s’affirme impuissant en ce lieu désormais privé. Selon lui, « les différents gouvernements ont manqué de courage concernant le classement des Témoins. On ne peut que respecter la loi et il est impossible de s’opposer à la tenue d’une réunion ».

Pointés du doigt par la mission interministérielle de vigilance sur les dérives sectaires, les Témoins de Jéhovah demeurent néanmoins une « association cultuelle ». Et le bail emphytéotique signé le 22 juillet 2002 pour cinquante ans par la municipalité et le RC Lens précise que des « manifestations non sportives à caractère culturel peuvent y être organisées ».

"Commerciaux"

Jean-Marie Bomba, directeur de Bollaert Développement, ne s’est donc pas embarrassé de considérations morales. « Nous sommes des commerciaux », a-t-il répondu à Mme Delporte. « On n’est pas là pour juger », a-t-il ajouté à l’intention des journalistes. Pour preuve de la neutralité du RCL, le club a même accepté de prêter une salle du stade Bollaert à l’ADFI, afin que l’association puisse tenir une conférence de presse contre ce grand raout.

Jugés par le maire moins « extrêmes » que les Témoins d’Amérique, les Témoins de Jéhovah français suivent cependant la « campagne sans précédent » lancée par les dirigeants new-yorkais : les adeptes de 155 pays sont incités à se montrer fortement cette année.

Du 30 juin au 2 juillet, les Canadiens se sont ainsi rassemblés au Colisée Pepsi du Québec. Cet attrait pour les stades rappelle à Charline Delporte le rassemblement de la secte Moon au stade de Gerland, à Lyon, en 2005. « C’est un lieu symbolique pour les jeunes », souligne-t-elle.

Les TJ du nord de la France étaient déjà venus à Bollaert dans les années 1990, acceptés par l’ancien maire André Delelis. Puis ils s’étaient repliés à Gayant-Expo, à Douai.

Les difficultés financières ont conduit ceux de la région parisienne à renoncer à louer leur salle à Villepinte et à rejoindre ceux du Nord. Ils devraient être ainsi deux fois 10 000 dans les travées et sur la pelouse du stade de Lens.

L’ADFI affirme que le contrat a été signé pour quatre ans. Jean-Marie Bomba parle, lui, d’une « convention sur un an », mais ajoute que « cela ne veut pas dire que l’an prochain on ne le refera pas ». Et il ne révèle pas le montant du contrat signé avec les TJ.

Geoffroy Desfrennes"

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