29 août 2013
"Le gouvernement du Parti québécois, dirigé par Pauline Marois, s’apprête à déposer un projet de "Charte des valeurs québécoises" dont les premiers éléments soulèvent déjà la controverse. L’objectif est de réaffirmer la neutralité religieuse de l’Etat en refusant à tout fonctionnaire ou employé d’un organisme parapublic le port de signes religieux.
Hors fonction publique, la charte encadrerait strictement les demandes "d’accommodements" afin de trouver, selon le ministre des institutions démocratiques Bernard Drainville, un "équilibre entre le respect des droits de la personne et celui des valeurs communes des Québécois". [...]
[Le rapport Taylor-Bouchard de 2008] avait été commandé à la suite d’une série de polémiques - un élève qui souhaitait porter un kirpan, le petit poignard traditionnel des sikhs orthodoxes, à l’école, une musulmane qui refusait de passer son permis de conduire avec un évaluateur masculin, un village rural qui avait adopté un "code de vie" interdisant le port de la burqa...
Le rapport de Charles Taylor et Gérard Bouchard réaffirmait certaines valeurs fondamentales de la société - neutralité de l’Etat, séparation de l’Eglise et de l’Etat, égalité hommes-femmes, liberté de conscience. Dans un jeu d’équilibre "ouvert" entre laïcité et liberté de religion, il préconisait, au nom du principe d’impartialité, d’interdire le port de signes religieux pour certains agents de l’Etat (magistrats, policiers, gardiens de prison), mais il estimait que d’autres fonctionnaires (enseignants, médecins, infirmières...) devaient, au nom du respect des droits individuels, être libres d’en porter.
Pour les auteurs du rapport, le fait que chacun "apprivoise au plus tôt la diversité religieuse " au sein de l’école laïque comme dans la rue permettrait de garantir une "identité québécoise inclusive" - un pari que le gouvernement ne semble pas prêt à faire.
Au fil des ans, plusieurs affaires ont permis aux tribunaux canadiens de cerner les contours des "accommodements raisonnables" : les arbitrages de droit familial rendus en vertu de la loi islamique avaient été interdits, des policiers sikhs avaient été autorisés à porter le turban et une jeune musulmane avait obtenu le droit de porter le foulard islamique à l’école. [...]"
Comité Laïcité République
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