Revue de presse

P. Bruckner : « Mener la guerre à l’intérieur de façon préventive » (Le Figaro , 16 juil. 16)

Pascal Bruckner, philosophe. 22 juillet 2016

"Le philosophe et essayiste considère que l’attentat de Nice nous oblige à frapper vite et fort contre ceux qui nous combattent sur notre propre territoire.

[...] Nous réagissons avec les armes de la paix…Notre société réagit par la compassion, l’émotion, les fleurs, les tweets. Nous sommes désarmés face à la tragédie qui nous frappe et nous refusons de prendre la mesure de la haine que ces gens nous vouent. Nous leur trouvons des excuses en refusant de faire du djihadiste un être responsable de ses actes, à part entière. Nous refusons de voir que l’islamisme radical est l’une des figures de la barbarie comme l’a été jadis le nazisme. Et cette barbarie est sans excuses, sans pourquoi. Il faut la détruire ou être détruits par elle. [...]

Que faut-il changer ?

Il va falloir choisir entre nos tabous (libertés fondamentales, accueil de l’autre) et notre propre survie. Un certain nombre de mesures radicales sont proposées depuis deux ans. Un récent rapport parlementaire montre une absurde division des tâches entre police et armée avec cette scène ahurissante où la BAC devant le Bataclan demande, en vain, l’aide des soldats de l’opération « Sentinelle » qui se trouvent sur place. Notre lourdeur administrative nous rend vulnérables face à un ennemi mouvant, dissimulé, insaisissable. [...]

La France est-elle prête ?

Nice, c’est aussi le rappel du principe de réalité. Il y a eu Magnanville au coeur du mois de juin mais personne alors n’a pris la mesure de cet égorgement, à leur propre domicile, d’un représentant de la force publique et de son épouse. Nous étions trop occupés par cette séquence délirante de grèves à répétition, d’émeutes, de fils à papa occupés à casser du flic ou les vitres d’un hôpital, par ce film déjà vu mille fois des vieilles mythologies de gauche.

On voulait croire que tout serait toujours comme avant : le pouvoir face à la CGT, les CRS face aux grévistes. C’est une réalité incomparablement plus tragique qui nous attend.

Le gouvernement doit balayer l’argumentaire d’une partie de l’ultragauche qui considère que l’État est toujours coupable.

Comment une démocratie libérale fait-elle la guerre ?

Elle est obligée de restreindre le spectre des libertés fondamentales. Au nom de sa propre survie. La première des nécessités, c’est de sauver les corps, pas les principes. Le gouvernement doit balayer l’argumentaire d’une partie de l’ultragauche qui considère que l’État est toujours coupable, que le capitalisme est l’ennemi absolu. Nous verrons fleurir dans les jours qui viennent dans Mediapart, Le Monde diplo, Politis cette logorrhée sur la violence fondamentale de l’État et l’innocence des tueurs, victimes, forcément victimes. Cette dissonance cognitive au sein d’une fraction de la population est préoccupante.

Se dirige-t-on vers une guerre civile ?

Il faut tout faire pour l’éviter et c’est le rôle de nos gouvernants. Si l’État n’exerce pas la violence légitime qui est la sienne, d’autres se chargeront de le faire. François Hollande doit faire ce que beaucoup d’experts lui demandent depuis deux ans : isolement des islamistes, neutralisation préventive des terroristes potentiels, expulsion des imams radicaux, fermeture des mosquées douteuses. Face aux terroristes de l’OAS, le général de Gaulle n’a pas tremblé et ne s’est pas encombré de principes. Il faut passer au niveau supérieur dans la répression et s’inspirer de l’exemple d’Israël confronté à cette situation depuis quarante ans. [...]"

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