Pierre Juston, doctorant en droit public. 26 mai 2022
[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
"[...] À titre personnel, je trouve le raisonnement du juge administratif quelque peu hasardeux car il induit une forme de procès d’intention. Malgré une décision municipale que je combats politiquement et philosophiquement, le conseil municipal de Grenoble a été suffisamment malin pour rester dans les clous en édictant une règle formulée de façon neutre et générale. Dans ce texte, on parle des vêtements de tout le monde, pas d’une décision visant une religion en particulier. C’est d’ailleurs ce qui a permis à Éric Piolle, maire de la ville à l’origine de cette décision, de dire qu’il autorisait « les burkinis et les seins nus ». [...]
Pensez-vous que la décision du juge administratif sera confirmée ?
Non, je pense que la préfecture n’a pas retenu le bon fondement dans son déféré. Les fondements pertinents sont, selon moi, à chercher du côté de l’ordre public et des impératifs d’hygiène, de sécurité, de salubrité et de santé publique. En effet, l’autorisation de maillots aussi couvrant, faisant beaucoup plus transpirer, peut faire courir le risque de développement de chloramines dans les bassins, dangereux tant pour les baigneurs que pour les agents. Par ailleurs, à partir de l’entrée en vigueur du règlement, les hommes portant un short de bain neuf et propre ne pourront pas accéder à la piscine municipale et estimer faire l’objet d’une règle discriminante non justifiée. Ils auront alors un intérêt à agir évident…
Éric Piolle a indiqué se pourvoir devant le Conseil d’État, pensez-vous que son recours pourrait aboutir ?
Je crois, malheureusement, qu’il y a de fortes chances que le Conseil d’État casse la décision du tribunal administratif. Il ne me semble pas y avoir assez d’éléments de fait, en tenant compte des déclarations du maire et des adjoints et avec le règlement tel qu’il est rédigé (neutre et général), pour étayer une motivation matériellement clientéliste qui accorderait un passe-droit à une poignée de militantes intégristes pour des raisons religieuses. [...]"
Lire "Grenoble : "Cette annulation de l’autorisation du burkini me semble contre-productive"".
Voir aussi les communiqués du CLR À Grenoble, le deuil de l’émancipation des femmes (CLR, 17 mai 22), Burqini : l’acharnement islamiste contre les femmes (CLR, 4 mai 22),
dans la Revue de presse les dossiers Burqini : que dit le droit ?, Burqini à Grenoble dans la rubrique Burqini dans Voile & vêtements, les rubriques Baignade en public, Grenoble (note du CLR).
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