Revue de presse

"Ni homard, ni kébab : cette France qu’oublient les macronistes" (D. Desgouilles, lefigaro.fr/vox , 17 juil. 19)

David Desgouilles, blogueur politique et auteur de "Dérapage" (Rocher, 2017) et "Leurs guerres perdues" (Rocher, 2019). 18 juillet 2019

[Les articles de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

"La porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye a agacé de nombreux internautes en déclarant que les Français mangent plus souvent des kébabs que du homard. « Et que fait-on de la France qui mange de la blanquette de veau ? » s’amuse David Desgouilles."

Propos recueillis par Paul Sugy.

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"[…] Nous sommes dans la fameuse « disruption » macroniste. Il faut casser les codes. Peut-être faudrait-il profiter d’un prochain remaniement pour modifier l’intitulé de sa mission : « Secrétaire d’État auprès du Premier ministre, porte-parole et chargée de la disruption ».

Une ou deux fois, cela passe pour une gaffe, mais au bout d’un certain nombre de polémiques, on croirait à de la provocation ?

Peut-être ne s’agit-il ni de gaffes, ni d’une provocation. Peut-être s’agit-il seulement d’un relâchement naturel. Il est bien possible que Sibeth Ndiaye et toute la garde rapprochée qui entoure Emmanuel Macron depuis le printemps 2016 soient sincèrement convaincus et imprégnés de l’idée qu’ils incarnent le « Nouveau Monde » et qu’à ce titre, ils doivent imposer de nouveaux codes à un pays qu’ils considèrent comme archaïque, ringard, rance. Ils les imposent, comme le Bourgeois gentilhomme en son temps, « sans le savoir ».

Revenons sur le fond : pour Sibeth Ndiaye, il semble n’y avoir que deux France : celle qui mange du kébab et celle qui mange du homard. N’est-ce pas aller un peu vite ?

Ceux qui pensaient que la Macronie « d’en haut » commençait à appréhender cette France qui va au-delà de la « Francilienne » en seront pour leurs frais. […] On savait que la France qui mange des pâtes ou des pommes de terre, faute d’avoir les moyens d’acheter autre chose, semblait une planète étrange aux yeux des dignitaires de la Macronie. Souvenons-nous aussi de Benjamin Griveaux, qui fait partie de la garde rapprochée à laquelle je faisais allusion il y a un instant, avait encouragé la cristallisation du mouvement des « gilets jaunes » en évoquant cette « France qui fume des clopes et roule au diesel ».

Mais le Grand Débat n’était-il pas passé par là ? Ne nous avait-on pas promis qu’on prendrait désormais en compte cette France des fins de mois difficile ? Il semble que Sibeth Ndiaye n’ait absolument aucune idée de ce que mangent les Français qui n’ont pas accès au homard de l’Hôtel de Lassay.

Cette sociologie est-elle caractéristique du logiciel macronien ? Celui-ci prend-il en compte la France moyenne des petites villes et des campagnes ?

C’est bien possible. Le « kebab » coche toutes les cases de la disruption macroniste. C’est de la restauration rapide - manger, quelle perte de temps ! Il incarne la diversité - la gastronomie française traditionnelle, c’est rance. On imagine le chauffeur Uber qui mange un kebab entre deux courses. Compétitif et international ! Le sandwich jambon-beurre, c’est de la restauration rapide trop nationale : cela sent l’électeur RN. Un couscous ou un tajine, cela incarne la diversité française mais ça prend du temps à manger. On en reprend, en plus. Ce n’est pas bon pour le chiffre d’affaires ! Je n’évoque évidemment pas la blanquette de veau ou le bœuf bourguignon qui cumulent les deux handicaps. […]"

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