Contribution

Neutralité (J. Lafouge)

par Jacques Lafouge, vice-président du Comité Laïcité République. 16 septembre 2021

Chaque séparation des églises et de l’Etat a été un acte politique. Victor Hugo l’a résumé de la façon suivante : « L’Etat chez lui, l’église chez elle ». C’était mettre fin au long concubinage du pouvoir politique et du pouvoir religieux. On a vu que les conceptions sur les rapports de dieu et de César variaient suivant les pays. Si on se réfère à la Russie, il n’est pas besoin de séparation, puisque dieu est au service de César. Il n’en était pas de même en France, d’où la nécessité de couper le lien entre les deux.

Compte tenu de la situation de la France, qui compte diverses religions, l’Etat doit se montrer neutre vis-à-vis d’elles. C’est ce que la loi de 1905 a établi, dans ses deux premiers articles, qui fondent une indifférence des pouvoirs publics à l’égard des religions.

Le libre exercice des cultes est garanti, ce qui équivaut à proclamer la liberté absolue de conscience. La République ne reconnait aucun culte, ce qui signifie qu’ils ne sont ni salariés ni subventionnés. L’Etat est neutre sous réserve de veiller à ce que l’ordre public ne soit pas troublé.

De ce fait, les élus du peuple ont un devoir de neutralité absolue dans l’exercice de leurs fonctions ce qui devrait leur imposer de ne participer à aucune cérémonie ou manifestation d’aucun culte.

Cette obligation s’applique particulièrement au président de la République, élu par tous les français quelles que soient leurs convictions religieuses, sans compter les athées, agnostique ou indifférents à la chose religieuse, lesquels représentent, d’après les statistiques, 60% des citoyens.

Or quand le président se rend à Lourdes, qu’il rencontre les élus et autorités civiles rien de plus normal, il est dans son rôle. En revanche, quand les médias le montrent au lieu des apparitions les mains jointes et en prière visiblement, il sort de son rôle de représentant du peuple dans toutes ses composantes, pour valoriser, en quelque sorte, un culte particulier.

Ceci ne veut pas dire qu’un président ne puisse pas à titre personnel adhérer à un culte quelconque, ceci résulte de sa liberté absolue de conscience. Mais il doit réserver la manifestation de sa conviction intime à sa sphère privée. Plus grave encore lorsque le président rend visite à plusieurs cultes, car alors il ne peut qu’être considéré comme violant la loi dans le cadre d’ambitions non avouables.

A suivre



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