Comité Laïcité République - La laïcité n’est pas une opinion, c’est la liberté d’en avoir une

Trouver les mots justes pour dire à la fois notre tristesse, notre admiration, notre reconnaissance envers cet Homme qui nous fit l’honneur de partager avec nous ses enthousiasmes, ses peurs et ses espoirs, ceux d’un siècle abominable et d’un autre, inquiétant.

Des siècles qu’il a traversés en y laissant une trace indélébile, sans se plaindre, sinon de la lâcheté de certains hommes.

Des siècles à combattre l’intolérance, à transmettre sa foi en des jours meilleurs, à maintenir en vie ces penseurs qui l’ont guidé, et dont il savait tout le bien qu’ils pouvaient encore nous offrir.

Robert Badinter nous avait pourtant prévenus : il finirait par rejoindre un jour cet orient éternel où reposent tant d’amis, tant de cousins, tant de parents… rejoindre ce monde de nos souvenirs, et qu’il nous faudrait alors au-delà des hommages qui lui seraient rendus, reprendre sa tâche inachevée.

Il faudrait être poète, juriste et kabbaliste à la fois pour évoquer Robert Badinter avec la fugace impression de voir apparaître derrière nos mots sa silhouette élégante et déterminée, d’entendre sa voix douce, mesurée et pleine de passion.

Il nous faudrait trouver des mots nouveaux, non usés par d’autres hommages, des mots qui disparaitraient aussitôt prononcés pour lui, pour ce destin si unique.

Nous ne les avons pas ces mots. Nous ne pouvons que les rêver et inviter notre imagination à dialoguer avec celui que nous avons tant admiré.

Les hommages, les portraits vont emplir cet espace médiatique, si aisément avide de glorifications et de récupérations.

Le juste hommage rendu, nous nous tairons. Nous serons aux côtés d’Elisabeth, marcherons avec elle et l’écouterons parler de Robert, quand lui en prendra l’envie.

Notre fidélité à cet Homme se mesurera à l’aune des combats que nous saurons poursuivre.

Gilbert Abergel