Note de lecture

Mohamed Sifaoui : Frères musulmans, la pieuvre (G. Durand)

par Gérard Durand. 17 janvier 2020

Mohamed Sifaoui, Taqiyya ! Comment les Frères musulmans veulent infiltrer la France, éd. de L’Observatoire, sept. 2019, 416 p., 22 e.

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La "taqiyya" signifie littéralement la prudence ou la crainte pour se protéger. Elle apparait dans le monde musulman au Xe siècle pour désigner le fait de dissimuler sa pratique religieuse par crainte des représailles. Elle est aujourd’hui systématiquement utilisée par la confrérie des Frères musulmans. Montrer et dire le contraire de ce que l’on prépare, qui doit en toute circonstance demeurer secret et dissimulé, cette technique qui facilite l’infiltration a d’abord été utilisée en Egypte, puis en Algérie et maintenant en France via l’Union des Organisations Islamiques de France (UOIF).

On peut dire que Mohamed Sifaoui na pas peur de grand-chose, quand au moment où les Islamistes se font de plus en plus menaçants envers leurs adversaires, il publie ce gros ouvrage balayant tous les aspects d’un problème susceptible de modifier notre société en s’infiltrant dans tous les pouvoirs, qu’ils soient municipaux, associatifs, partis politiques universitaires etc… afin d’y introduire une idéologie anti démocratique et par la même totalitaire. Il ne s’agit de rien moins que la création dans notre pays d’une contre société destinée à enfermer une large partie de la population.

L’ouvrage se divise en quatre parties

La première nous fait pénétrer au sein même de la confrérie en nous racontant son histoire, son idéologie, sa pensée totalitaire et ses méthodes redoutables. L’auteur s’arrête sur les fondateurs et notamment sur Hassan Al Banna, qui n’a jamais caché son antisionisme et a su le transmettre à ses descendants dont les frères Ramadan, grands experts en Taquiyya. Un autre théoricien, Sayed Qutb, auteur d’un pamphlet antisémite « Notre bataille contre les juifs » qui a au moins le mérite de nous éclairer sur le fond de la mouvance islamiste, estimant que le problème est bel et bien les juifs présentés comme « les ennemis de l’islam ».
Al Banna, dès les années 1930, est séduit par les mouvements fascistes qui se développent un peu partout. Non pour leur idéologie, qu’il juge contraire à l’Islam, mais pour leur organisation et leur discipline, c’est chez eux qu’il va s’inspirer de slogans simples comme « l’islam est la solution » ou « le coran est notre constitution » qui lui permettront un large recrutement.

Le décor est posé et la suite de ce gros ouvrage extrêmement documenté, aux détails innombrables rend la démonstration plus que convaincante. L’idéologie des frères musulmans a pour fondement le rejet de l’occidentalisation au profit de l’édification d’une société Islamique idéale, sorte d’utopie égalitaire. Cette idée exprimée en termes simples et dans un langage accessible à tous ne peut que séduire une population peu éduquée.

La suite de l’ouvrage reprend par le détail l’idéologie de la confrérie. A chaque chapitre le lecteur est surpris par l’ampleur du phénomène car les Frères sont partout et agissent selon des règles simples.

L’entrisme dans de très nombreuses associations. Ils s’intéressent même depuis quelques années à la franc-maçonnerie, accueillis dans certaines loges après avoir mis le masque de la Taqiyya mais ou les idées qu’ils profèrent permettent aux maçons de s’apercevoir qu’ils sont bien loin des idéaux maçonniques. Dans les municipalités ou leur activisme militant les fait souvent accéder à des postes de responsabilité, dans les universités ou se forment leurs meilleurs propagandistes.

L’intimidation n’est jamais très loin, d’abord auprès de leurs coreligionnaires sommés de se plier à leurs pratiques, mais aussi auprès de journalistes ou de conférenciers qui leur déplaisent comme a pu l’éprouver Caroline Fourest, empêchée de s’exprimer par de petits groupes présents en fond de salle.

D’autres points font débat, et Mohamed Sifaoui en démonte patiemment le mécanismes.
D’abord le foulard en faisant remarquer que le fait de ne pas le porter ne figure pas dans la liste des 70 péchés de l’Islam et que le fait de vouloir voiler des fillettes de sept ans relève plus du sexisme, voire de la psychiatrie.
Ensuite le Halal, il s’agit au départ de l’abatage des bêtes qui selon les frères doivent être égorgées vivantes mais les plus hautes autorités musulmanes concèdent qu’un animal étourdi par électronarcose est toujours vivant et que cette pratique est donc halal. Pas pour les Frères, qui ont élargi la notion de halal à de nombreux autres domaines, cafés halal (sans femmes) salons de coiffure non mixtes, compagnies de taxis halal et même site de rencontres halal, car ils redoutent avant tout les mariages mixtes. Leur but est évident, enfermer les musulmans dans un filet de règles communautaires afin de les séparer des autres populations et, par la même, de les dominer.

Un chapitre évoque le rôle des « idiots utiles », où Nicolas Sarkozy figure en tête de classement, en corrigeant par exemple une journaliste parlant des "extrémistes musulmans" pour lui demander de ne pas utiliser ce terme et de le remplacer par "orthodoxes", par ignorance ou stupidité il a favorisé l’influence de la confrérie dans les instances qu’il pensait pouvoir contrôler et créer un « Islam de France ».

Dans un autre chapitre au thème très voisin l’auteur dénonce l’hypocrisie des « grand frères » censés canaliser la fougue des plus jeunes et dont beaucoup les ont au contraire embrigadés. Pour terminer parlons de la RATP qui a cru pouvoir assurer la sécurité de ses lignes de banlieue en recrutant des chauffeurs musulmans et qui se retrouve avec des groupes compacts d’extrémistes.

La confrérie est aujourd’hui interdite dans plusieurs Etats musulmans, nous connaissons l’exemple de l’Egypte mais beaucoup moins celui des Emirats Arabes Unis et de plusieurs autres. Mais elle prospère en France ou il a fallu interdire la création de beaucoup d’écoles communautaires et en fermer d’autres tant les dérives propagandistes étaient patentes.

La conclusion de Mohamed Sifaoui ne se veut pas catastrophiste mais il est clair que par son ouvrage il a voulu informer un lecteur, souvent surpris par l’étendue du péril et lui apprendre à se méfier de l’affichage d’une pensée moderniste, portée par des hommes comme Tariq Ramadan dont le but réel est de dissimuler l’essentiel qui lui est lui ne l’est pas et constitue un grand retour vers le moyen âge.

A lire avec une grande attention.

Gérard Durand


Voir aussi dans la Revue de presse la rubrique Frères musulmans (note du CLR).


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