10 juin 2018
"La plupart des frères ont soutenu l’élection d’Emmanuel Macron. Mais, depuis, les frictions s’accumulent entre certaines franges de la franc-maçonnerie française qui défendent une vision stricte de la laïcité, et un président qui a multiplié les gestes en direction des religions.
Ils ont déployé leurs bannières, qui évoquent l’Etoile polaire, l’Altérité, l’Orient de Paris ou la Défense laïque. Plusieurs milliers de francs-maçons, arborant sautoirs et cordons bleu ciel, se pressent en rangs serrés, en ce 1er mai, dans les allées du cimetière parisien du Père-Lachaise. A l’appel d’une dizaine d’obédiences, ils honorent comme chaque année les martyrs de la Commune de Paris et autres « héros de la République » ; ce jour-là, ce sont Philippe Honoré et Mustapha Ourrad, membres de Charlie Hebdo assassinés lors de l’attaque du 7 janvier 2015. Au terme de leur parcours, devant le mur des Fédérés, les frères et sœurs entonnent en chœur Le Temps des cerises, L’Internationale puis La Marseillaise.
Philippe Foussier, grand maître du Grand Orient de France (GODF), sonne la charge contre l’Elysée.
Cette année, ce rassemblement prend une tournure particulière car une bonne partie des francs-maçons sont en colère. Ils pestent contre Emmanuel Macron, qui a pris de nombreuses initiatives en faveur des religions au détriment, selon eux, des non-croyants et d’une laïcité dont ils se disent les défenseurs rigoureux. De sa voix grave, Philippe Foussier, l’actuel grand maître du Grand Orient de France (GODF), la principale obédience hexagonale, sonne la charge dans un discours au vitriol contre les « confusions » qui seraient encouragées par l’Elysée : « Les questions religieuses ne doivent pas envahir la vie sociale et civique, lance-t-il.
Monsieur le Président, soyons très clairs, les francs-maçons ne demandent rien pour eux-mêmes… Ils ne veulent pas être sur la photo avec les cardinaux, les rabbins, les pasteurs, les imams et les bonzes. » Pour le responsable du GODF, la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat de 1905 est menacée et les appels aux croyants seraient le ferment d’une communautarisation de la société. La laïcité, rien que la laïcité ! Son discours est très applaudi. [...]"
Lire aussi Ph. Foussier : "Cette neutralité qu’on exige des fonctionnaires, il faut qu’elle retrouve du sens au plus haut niveau de l’Etat" (GODF, 1er mai 18), Macron aux évêques (9 av. 18) : “Le lien entre l’Eglise et l’Etat s’est abîmé, il nous importe à vous comme à moi de le réparer” (la-croix.com , 10 av. 18), E. Macron : On a trop vite inféré "de cette neutralité de l’Etat une absence" (elysee.fr , 4 jan. 18), "Devant les chefs religieux, Emmanuel Macron dénonce une "radicalisation de la laïcité"" (AFP, nouvelobs.com , 22 déc. 17), E. Macron : le politique n’aura pas "une prééminence" sur les religieux (AFP, lemonde.fr , 22 sep. 17), H. Peña-Ruiz : "M. Macron, les "fainéants" et les philosophes" (Le Monde, 26 sep. 17) (note du CLR).
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