Malika Sorel-Sutter, ancien membre du Haut Conseil à l’Intégration, auteur de "Décomposition française" (Fayard). 19 septembre 2017
"[...] Jean-Michel Blanquer semble presque exclusivement préoccupé par la question de l’échec scolaire en ZEP. Et cependant, il a un angle mort : l’immigration de culture extra-européenne, alors même que l’on en sait la proportion importante au sein des ZEP, et grandissante au sein de la population scolaire dans son ensemble. Il faut savoir que depuis 1981, nombre de réformes, dont celles qui ont dégradé l’enseignement de la langue française, n’ont été menées que pour adapter l’école à l’arrivée des « nouveaux publics » pour reprendre l’expression pudique d’Alain Viala qui avait présidé la commission chargée de réformer les programmes d’enseignement du français. La rue de Grenelle aurait pu faire le choix du maintien des exigences tout en accompagnant avec bienveillance ce public pour lequel la culture française est une culture étrangère. Elle en décidé autrement. En dépit de sa volonté de bien faire, le ministre de l’Education fait à son tour fausse route. [...]
Si l’enfant ne dispose pas d’un niveau de vocabulaire adéquat, s’il ne lit pas à la maison après l’école, si ses parents ne lui parlent pas suffisamment et en français, alors il ne faut pas s’attendre à des miracles. Les enseignants ne sont pas des magiciens. Observons ici que l’enseignement privé catholique, auprès duquel nombre de familles cherchent refuge, ne semble pas perturbé par le poids de ses classes.
Selon le ministre, donner aux chefs d’établissements le pouvoir de recruter leurs enseignants participera à faire reculer l’échec scolaire. Or notre échec scolaire n’est pas imputable à un manque d’autonomie des établissements. Loin de régler nos problèmes, ce bouleversement pourrait en créer de sérieux autres, notamment liés au communautarisme, tels que les ont connus plusieurs écoles de Birmingham.
Enfin, le ministre ne semble pas se préoccuper de laïcité, pourtant devenue notre seule possibilité d’imposer l’égalité filles-garçons, la liberté individuelle et le respect d’autrui. Si nous voulons que les enseignants soient en capacité d’assurer pleinement leur mission, la circulaire Chatel doit de nouveau être respectée [1]. [...]
La première étape, c’est de ne pas transiger sur le respect de la France, de sa culture, de ses valeurs qui sont la traduction de l’histoire politique et culturelle du peuple français. Si j’avais été enfant aujourd’hui, jamais je ne serais devenue Française - j’entends, française de coeur et d’esprit. Voilà plus de trente ans que la France et son peuple sont dénigrés, y compris par une partie de ses élites. Souvenons-nous de l’accusation de crime contre l’humanité en raison de sa période coloniale. Les Français doivent rejeter de toutes leurs forces l’idéologie de repentance et de culpabilisation que l’on trouve parfois nichée jusque dans les manuels scolaires. Cette idéologie crée du ressentiment et dresse les uns contre les autres. Elle empêche de tisser des liens de respect et d’amitié. La France est belle et riche de son héritage culturel. C’est un trésor sur lequel chacun de nous doit veiller jalousement pour le transmettre à nos descendants. C’est une oeuvre collective."
[1] Voir la rubrique Personnes accompagnant les sorties scolaires (note du CLR).
Lire aussi M. Sorel : « L’école, cette grande absente de la campagne présidentielle » (lefigaro.fr/vox , 18 av. 17) (note du CLR).
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