Michel Onfray, philosophe et essayiste. 19 juillet 2021
[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
Simon Leys, Les Habits Neufs du président Mao, éd. Champs Libre, 1971, rééd. dans les Essais sur la Chine, Robert Laffont, coll. Bouquins, 1999.
"1971 : dans « Les Habits neufs du président Mao », Simon Leys dénonce la dérive sanguinaire de la Révolution culturelle. Saint-Germain-des-Prés prend les armes."
"Simon Leys est un sinologue qui parle chinois. La précision prêterait à sourire et semblerait un pléonasme si nombre de ces prétendus spécialistes ne se contentaient pas de baragouiner une langue dont ils font pourtant commerce et métier. Comment parler de la Chine si l’on bricole le chinois comme un touriste ? Je n’aurai pas la cruauté de révéler les noms des sinologues en papier que Simon Leys égratigne avec un humour décapant…
C’est ainsi que les fesses de Maria Antonietta Macciocchi, apparatchik du communisme italien, lui en ont cuit dans une célèbre émission d’Apostrophes où Bernard Pivot la recevait pour Deux Mille Ans de bonheur (1983) après qu’elle eut commis un De la Chine (1971) qui faisait autorité dans les milieux maoïstes européens. Simon Leys était lui aussi sur le plateau : il l’a atomisée en direct.
À cette époque où le maoïsme est intellectuellement dominant chez des gens pour qui le chinois c’est de l’hébreu, Simon Leys lance un pavé dans la mare de Saint-Germain-des-Prés. Sartre, Beauvoir, Barthes, Kristeva, Sollers, BHL, Badiou, Foucault, François Châtelet, Glucksmann, Benny Lévy en sont, sans parler de plus petits poissons, Pleynet, Henric, ou des politiques étrangement fourvoyés qui ne cachent pas leur admiration pour le Grand Timonier et la Chine éternelle, ainsi Alain Peyrefitte, Mitterrand, Giscard, Edgar Faure, jusqu’à Jean d’Ormesson ! [...]
Les éditions Robert Laffont et Gallimard ont refusé le manuscrit de Simon Leys. L’une des modalités de la censure passe aussi par le refus de donner à un tapuscrit la possibilité de devenir un livre. On tue dans l’œuf, c’est efficace et radical. Avec le silence une fois le livre paru, voilà l’une des deux stratégies les plus efficaces de la censure. [...]"
Lire "Autodafés – Il faut sauver le soldat Mao, par Michel Onfray".
Voir aussi tout le dossier Michel Onfray : "Autodafés, l’art de détruire les livres" (Le Point, juil.-août 21) dans Liberté d’expression,
dans la Revue de presse J. Julliard : "Soviéto-marxisme, maoïsme, puis islamo-gauchisme : la troisième glaciation" (Marianne, 26 fév. 21), J. Julliard : « Contre la guerre civile » (lefigaro.fr , 1er déc. 19), J. Julliard : "Les deux écoles" - "La troisième glaciation" (Le Figaro, 4 sep. 17) (note du CLR).
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