Mohamed Louizi

M. Louizi : « De grâce, pas d’amalgame ! » (Mohamed Louizi, 23 oct. 20)

24 octobre 2020

[Les échos des initiatives proches sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

"[...] Nous sommes indéniablement de mèche avec les frérosalafistes depuis presque quarante ans. On peut le constater facilement si l’on regarde, par exemple, le nombre croissant des inscrits dans les établissements de l’enseignement privé dit « musulman », avec ou sans contrat d’association avec l’Etat, et le rythme effréné de l’implantation de ces établissements dans toute la France depuis 2003. Lycée Averroès à Lille. Lycée Ibn Khaldoun à Marseille. Lycée al-Kindi à Décines. Collège Avicenne à Nice. Cela veut dire que nous familles musulmanes, par dizaines, par centaines, par milliers, nous faisons confiance aux agents de l’islamisme international et nous adhérons explicitement ou tacitement à leur projet éducatif mais, de grâce, pas d’amalgame !

Quand les frérosalafistes organisent des rassemblements régionaux et nationaux en y invitant des islamistes sulfureux, quand ils appellent à manifester pour soutenir le Hamas ou le Hezbollah ou pour contester la laïcité, ils ne sont jamais seuls dans la rue, dans les salles et dans les amphithéâtres. Nous sommes avec eux, parmi eux, derrière eux, à scander leurs slogans. Nos réseaux sociaux amplifient et partagent leurs discours. Nous likons leurs posts. Nous relayons leur propagande mais, de grâce, pas d’amalgame !

Quand un imam frérosalafiste déroule un prêche politique de vendredi aux relents antisémites, homophobes, misogynes, anti-Occident, anti-France, anti-République, anti-laïcité, liberticides, nous restons quand même assis dans les rangs et inactifs. Nous ne manifestons à son égard aucun désaccord, ni en privé, ni en public. Nous n’avons jamais interrompu un prêche radical de cette nature que l’on soit un vendredi ou un jour du week-end. Nous n’avons presque jamais expulsé un imam de nos mosquées car frérosalafiste. Nous ne quittons jamais l’assemblée des fidèles et nous ne demandons à personne de se joindre à nous. Nous ne disons mot. Nous consentons. Notre conscience serait inhibée, paraît-il, par notre adhésion passive à leurs discours de haine et de rupture. Ils sont nos imams, nos guides, mais, de grâce, pas d’amalgame !

Quand l’un parmi nous est souffrant, malade, nous sollicitons leurs toubibs, experts de la « médecine prophétique » qui serait plus efficace que la médecine conventionnelle. Quand nous décidons de marquer sur la chair de nos garçonnets l’appartenance à notre communauté de foi et de loi, nous sollicitons leurs médecins-circonciseurs qui savent couper les prépuces. Ils savent aussi nous délivrer des attestations pour faire rembourser l’acte de la circoncision par la Caisse primaire d’assurance maladie. Ils font passer l’acte de la circoncision pour une correction de phimosis pathologique et ça passe. Quand l’un de nos proches décède, nous courons vers eux pour qu’ils prennent en charge le corps du défunt. Nous sollicitons leur aide pour trouver une place dans un « carré musulman » qu’ils ont obtenu sous la pression communautaire exercée sur des élus peu enclins à respecter la loi du 14 novembre 1881 qui avait mis fin au régime des cimetières confessionnels. Si aucune place n’est disponible, il n’est pas question d’enterrer le corps au milieu des mécréants. Nous payons leurs agences pour rapatrier le corps en terre d’islam. Ce faisant, nous sommes fidèles à leur idéologie moyenâgeuse de ségrégation de l’espace mortuaire, des cimetières, entre musulmans et mécréants. Nous considérons nos défunts meilleurs que les défunts des autres religions et que les défunts sans religion. Nous travaillons la partition islamiste silencieuse de la France du berceau jusqu’à la tombe. Nous les aidons à transformer et « halaliser » le paysage urbain et pousser, directement ou indirectement, certaines populations indésirables, notamment de confession juive, à quitter des quartiers définitivement, à l’exode, mais, de grâce, pas d’amalgame !

En somme, si les islamistes sont le sujet, si leur idéologie est le verbe du sujet, nous sommes le complément d’objet direct. Ils sont le cerveau de notre communauté de foi et de loi et nous en sommes les mains et les pieds. Ils sont le microprocesseur de notre programme global et nous en sommes les écrans d’affichage et les imprimantes. Ils sont le moteur de notre engin de chantier communautaire et nous en sommes la carrosserie et les roues. Ils sont les noyaux des cellules islamistes actives ou en veille et nous en sommes le cytoplasme. Ils conçoivent les murs et nous les construisons. Nous adoptons leur vision, leurs idées, leur mode de vie. Nous portons leurs étendards vestimentaires. Nous finançons leurs structures. Nous défendons leurs causes. Nous crions à la face du monde : « de grâce, pas d’amalgame ! », mais l’amalgame, à vrai dire, c’est nous-mêmes qui le créons, qui l’entretenons au quotidien. Les frérosalafistes rythment notre vie, notre existence, depuis bien avant notre naissance jusqu’à bien après notre mort. Sans nous, ils ne sont rien. L’inverse est vrai aussi. Ils rêvent d’un califat islamique mondial. Nous incarnons individuellement et collectivement plus que son esprit. A force d’adhérer, par petites doses, à leur vision politique de l’islam, nous avons développé une aptitude psychologique à l’admettre comme seule vision possible et à nous y résoudre dans la soumission totale … Ainsi parla ce « nous » communautariste, séparatiste.

Après la décapitation du professeur Samuel Paty, paix à son âme, parce qu’il a refusé d’inscrire son acte éducatif libre dans la « logique » des renoncements de la République à son idéal, et dans la suite des abdications répétées de l’Etat face à l’islam politique, la frange la plus engagée sur le terrain religieux, la plus revendicative aussi parmi les Français de confession musulmane, qui se dit « victime » d’amalgames, a encore frappé et fait parler d’elle avec l’aide de médias habitués à lui rendre service après de tels drames. Le présent parti pris met le « pas d’amalgame » à nu, face à ses responsabilités historiques. L’islamisme n’est debout que parce que cette frange lui sert, depuis quarante ans, les vitamines et les protéines nécessaires à sa croissance et lui assure le besoin calorique journalier pour sa vitalité et son énergie.

La France n’attend plus de cette frange irresponsable un quelconque discours victimaire après chaque attentat. On en a marre de cette inversion accusatoire. La France doit exiger d’elle, par la force de la loi si besoin est, une adhésion pleine et une loyauté entière et authentique aux principes de la République, à sa Constitution, à ses lois, à sa laïcité, à sa modernité, à son modèle de civilisation et à son héritage des Lumières. Il appartient librement à cette frange musulmane de rejoindre, ou pas, et sans condition aucune, la communauté nationale, une et indivisible, en se désolidarisant définitivement de l’islam politique, de son projet et de ses acteurs, sans ambiguïté, sans double-discours dans les paroles comme dans les actes. Autrement, cette frange musulmane se condamne elle-même et s’exclut de fait du corps de la nation. Peut-être préférerait-elle le statut honteux de cinquième colonne, d’ennemis de l’intérieur, qui minent la République et ruinent son âme ? Il est minuit moins deux. L’heure du choix a sonné. C’est un choix à assumer pleinement, juridiquement, le moment venu et ce moment viendra. Puisse la sagesse guider cette frange musulmane pour rentrer, individuellement, au bercail de la laïcité, de la citoyenneté, de la liberté."

Lire « De grâce, pas d’amalgame ! »


Voir aussi le communiqué du CLR Mort pour la France (CLR, 17 oct. 20), dans la Revue de presse les rubriques Islamisme, Assassinat de l’enseignant Samuel Paty (16 oct. 20) (note du CLR).


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