13 février 2014
"Le nouveau Premier ministre du grand-duché, le libéral Xavier Bettel, entend réviser en profondeur les relations entre l’État et les cultes. Les représentants des cultes l’ont rencontré ce 10 février.
[...] Depuis l’arrivée au gouvernement d’une coalition inédite – libéraux, socialistes, écologistes –, le grand-duché s’apprête même à déguster une spécialité bien française : un grand débat sur la laïcité, la place des religions dans la sphère publique, les relations entre les cultes et l’État…
Le nouveau Premier ministre, le libéral Xavier Bettel, a annoncé le 10 décembre dernier, lors de la présentation de son programme, que les nouvelles « réalités sociétales » exigeaient « une remise en cause des relations actuelles entre l’État et les cultes ».
Cette remise en cause, aux contours encore flous, comporte d’abord la suppression des heures d’enseignement religieux catholique, que les élèves choisissent aujourd’hui à 70 % dans le primaire et à 58 % dans le secondaire. Elle comporte aussi la révision à la baisse du financement par l’État des cultes dits conventionnés. [...] Des petits changements symboliques sont également annoncés, comme le remplacement pour la fête nationale du Te Deum, traditionnellement prononcé à la cathédrale, par une cérémonie non religieuse.
Ces mesures laïques font partie – aux côtés de l’adoption par les couples homosexuels, d’un changement de la loi sur le divorce, de l’abaissement de la majorité à 16 ans ou du droit de vote des étrangers – des réformes sociétales attendues de ce gouvernement. [...]
Neuf cultes ont signé avec l’État des conventions qui ont des implications financières très intéressantes pour les communautés religieuses. Mais l’Église catholique luxembourgeoise, encore puissante malgré un indéniable déclin, est au centre de la réforme à venir. L’histoire du pays est profondément imprégnée par le catholicisme, religion ultramajoritaire. L’Église détient toujours le premier quotidien du pays (Luxemburger Wort), gère une bonne partie des œuvres caritatives et possède un patrimoine immobilier important. Enfin, le grand-duc, qui n’est pas totalement absent de la vie politique, ne fait pas mystère de son fort attachement à la religion catholique. [...]
Une chose est sûre, cette réforme prendra du temps, puisqu’elle ne peut être réalisée sans une modification de la Constitution, qui, en l’absence d’une majorité des deux tiers à la Chambre des députés (inaccessible puisque la coalition ne dispose de la majorité qu’à deux sièges près), suppose un référendum.
Les représentants des cultes devraient en savoir plus à l’occasion d’une rencontre prévue le 10 février avec le Premier ministre."
Lire "Luxembourg : vers une séparation de l’Eglise et de l’Etat ?".
Comité Laïcité République
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