Revue de presse

"Londres enquête sur les activités des Frères musulmans sur son sol" (Le Figaro, 7 av. 14)

9 avril 2014

"Le gouvernement soupçonne l’organisation égyptienne interdite de liens avec le terrorisme. Mais il est accusé d’agir sous pression du Caire et de Riyad.

En insinuant que les Frères musulmans puissent être soupçonnés d’activités terroristes en Grande-Bretagne, David Cameron a mis le feu aux poudres. Downing Street a chargé les services de renseignement MI5 et MI6 d’enquêter sur les agissements outre-Manche de l’organisation islamiste égyptienne. Depuis son interdiction en Égypte en décembre, nombre de ses dirigeants ont trouvé refuge en Grande-Bretagne. Mais les soupçons de liens avec le terrorisme de l’organisation qui prône la non-violence ont entraîné des critiques et une contre-attaque judiciaire des Frères musulmans.

Ces derniers ont confié leur défense à un juriste de haut vol, Lord Ken Macdonald, ancien procureur général britannique, menaçant Londres de poursuites judiciaires si le gouvernement tentait de restreindre leurs activités au Royaume-Uni. Ils se disent « prêts à coopérer ouvertement avec l’enquête du gouvernement », mais soulignent qu’ils « ne conduisent ou promeuvent pas d’actes de violence pour parvenir à leurs objectifs ».

Selon le premier ministre David Cameron, il est « important de nous assurer que nous comprenons parfaitement la nature de cette organisation, ses positions par rapport à l’extrémisme violent, ses liens avec d’autres groupes et sa présence au Royaume-Uni ». Il a chargé l’ambassadeur britannique en Arabie saoudite, John Jenkins, de coordonner l’enquête et de lui remettre un rapport en juillet sur « la philosophie, les valeurs et relations supposées avec l’extrémisme et la violence » des Frères musulmans. Le MI6 les tient pour responsables du meurtre de trois touristes sud-coréens en Égypte, le 16 février. Le patron de ce service de renseignements extérieurs, John Sawers, est un ancien ambassadeur en Égypte.

Le rôle de ces deux hommes jette le trouble sur l’enquête lancée par Downing Street. Londres est accusé d’agir sous pression du Caire et de Riyad, qui ont toutes deux interdit les Frères musulmans. Ces derniers l’enjoignent de ne pas « céder à la pression de gouvernements étrangers préoccupés par la quête démocratique de leurs propres populations ». Ils mettent en question l’impartialité de l’ambassadeur en Arabie saoudite, un régime ouvertement en lutte contre les Frères et partenaire commercial de la Grande-Bretagne, pour mener à bien cette investigation.

Autres alliés de Londres, les Émirats arabes unis sont eux aussi lancés dans la chasse aux Frères musulmans. Le ministère égyptien des Affaires étrangères a salué l’initiative du gouvernement britannique en l’encourageant à examiner « sérieusement la question » de l’assimilation des Frères à « une organisation terroriste ».

Certains diplomates du Foreign Office accueillent la démarche avec un certain malaise. Downing Street semble avoir agi sous pression du MI6 plutôt que des diplomates. Les Frères musulmans n’ont jamais été considérés jusque-là comme une menace pour la sécurité au Royaume-Uni. Des experts du Proche-Orient ainsi que des communautés musulmanes en Angleterre estiment que cette vindicte portée sur l’organisation pourrait être contre-productive et encourager une réaction de radicalisation de la part de militants jusqu’à présent modérés."

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