Revue de presse

"Lettre ouverte à ceux qui ont fait souffrir la France !" (Marianne, 17 nov. 12)

20 novembre 2012

"Romains, Allemands, Hollandais, Norvégiens, Danois, Mayars et Arabes d’aujourd’hui, vous aussi, demandez-nous pardon pour les crimes de vos ancêtres.

Accusé Jules César, levez-vous ! En 58 avant Jésus-Christ, parce que vous aspiriez à une belle carrière politique à Rome, vous envahissez ce beau pays qui est le nôtre, la Gaule. Ses peuples ne vous avaient rien demandé et n’aspiraient qu’à vivre dans la paix relative de leurs incessantes querelles. [...]

Rassurez-vous, Italiens, vous n’êtes pas les seuls à avoir une sacrée dette morale envers nous. Car des invasions non désirées, nous en avons subi quelques-unes. Trois siècles après Jules César, des tribus germaniques franchissent le Rhin et s’installent chez nous : Francs, Burgondes, Wisigoths, que sais-je encore, des gens qui parlent des langues ressemblant à des maladies de gorge et qui s’enduisent les cheveux de beurre rance. Vous parlez d’un progrès ! D’accord, ils ont donné son nom à notre pays - la France. Mais, en échange, ils ont prétendu nous gouverner pendant quinze siècles, au prétexte qu’ils étaient nobles et nous pas. Allemands et Hollandais d’aujourd’hui, excusez-vous d’avoir rendu si barbare notre beau pays gallo-romain.

Reconnaissons que ces barbares nous ont défendus contre quelques autres. Les Huns d’Attila ? Difficile d’exiger une repentance de quiconque, car on se demande d’où sortaient vraiment cette brute et ses hordes. Pour d’autres, c’est plus clair. Les Vikings, par exemple. La Norvège et le Danemark devraient nous dédommager pour les raids des années 800. Sur les côtes, les civils vivaient alors dans la terreur de voir arriver un drakkar d’où débarquaient de grands blonds agressifs : pillages, viols, incendies... Ce ne fut pas un joli spectacle - il nous en reste quand même la Normandie.

Et les cavaliers magyars, croyez-vous que ce fut plus agréable ? En 910, ils ravageaient la Lorraine, sans que notre roi Charles le Simple ne pût y faire grand-chose. Mais le gouvernement de Budapest pourrait au moins s’excuser et financer quelques travaux de réfection des églises de Saint-Dié ou Remiremont que les Magyars avaient pris un malin plaisir à brûler. Les Arabes - on disait alors les Sarrasins - ne firent pas mieux. Sous prétexte qu’ils voulaient faire connaître une nouvelle religion, ils franchirent les Pyrénées en 732 et pillèrent tout ce qu’ils trouvèrent jusqu’à ce qu’on les arrêtât du côté de Poitiers. Ce n’était pas fini : pendant deux siècles, ils revinrent sans cesse pour des raids, parfois jusqu’à Grenoble (en 965) ! Personne n’était plus tranquille. Et puis cela a continué : les Anglais ont voulu nous annexer et ils ont même brûlé une jeune femme, en violant manifestement les droits de l’homme. Les pirates barbaresques venaient régulièrement depuis Alger, Tunis et Tripoli, prélever des esclaves sur nos rivages. On dirait vraiment que tout le monde a oublié combien nous avons souffert..."

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