“Les attaques de l’Eglise contre le gouvernement socialiste espagnol tendent la campagne législative” (Le Monde, 2 jan. 08)

4 janvier 2008

"A deux mois des élections législatives du 9 mars, l’Eglise catholique espagnole est de facto entrée dans la campagne électorale, dimanche 30 décembre 2007, en tenant des propos très virulents contre le gouvernement du socialiste José Luis Rodriguez Zapatero, qui brigue un second mandat.

Devant des centaines de milliers de fidèles venus de toute l’Espagne, dont beaucoup de familles nombreuses, des responsables religieux se sont succédé sur une grande scène pour défendre le modèle de "la famille chrétienne" et fustiger la politique sociale du gouvernement, qui aboutit à la "dissolution de la démocratie".

Mariage homosexuel, introduction de l’éducation civique dans les programmes scolaires, lois facilitant les procédures de divorce ou permettant aux transsexuels de changer d’état civil sans se faire opérer : l’Eglise a tremblé depuis l’élection en 2004 de M. Zapatero après huit ans de gouvernement conservateur.

Dimanche, certains archevêques parmi les plus conservateurs de l’Eglise espagnole ont dénoncé un gouvernement qui "fait vaciller les bases de la famille avec des lois iniques et injustes", selon les mots de l’archevêque de Tolède, Antonio Canizares. "La culture de la laïcité radicale est une tromperie qui ne conduit qu’à l’avortement et au divorce express (et) mène à la dissolution de la démocratie", a affirmé l’archevêque de Valence, Agustin Garcia-Gasco.

Les mesures sociales du gouvernement représentent "un retour en arrière des droits de l’homme", a estimé l’organisateur du premier rassemblement de ce genre, l’archevêque de Madrid, Antonio Maria Rouco Varela.

Il s’était pourtant préalablement défendu de vouloir préparer un acte politique contre le gouvernement de M. Zapatero, affirmant qu’il s’agissait simplement d’une "proclamation publique" face à une "situation extrêmement grave" dans "une société où le nombre de divorces a explosé, pour quasiment dépasser le nombre de mariages".

Face à ces attaques, les socialistes se sont défendus lundi. "Le national-catholicisme est entré en campagne électorale", a dénoncé le ministre de la justice, Mariano Fernandez Bermejo. Le numéro deux du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), José Blanco, a aussi volé au secours du gouvernement, en exigeant la "rectification" des propos "mensongers" et "extrêmement graves" des archevêques.

"Certaines choses que j’ai entendues m’ont semblé intolérables", il s’agit "d’une immixtion directe dans la campagne électorale, j’ai eu l’impression qu’il s’agissait d’un acte du Parti populaire (droite) présidé par des cardinaux", a poursuivi José Blanco.

Pourtant, un seul responsable national du PP, le député européen Jaime Mayor Oreja, a assisté au rassemblement, le reste des dirigeants préférant rester discrets, leur tête de liste aux prochaines élections, Mariano Rajoy, en tête.

La presse de gauche a également évoqué un rassemblement surtout politique. Le journal Publico l’a qualifié de "messe de campagne" électorale et, selon El Pais, ce grand rassemblement "censé être un acte en faveur de la famille" s’est "transformé en meeting politique". A droite, le journal El Mundo estime que l’Eglise "a parfaitement mis en scène son désaccord avec le gouvernement".

La manifestation a connu son point d’orgue à la mi-journée avec une connexion en direct avec le Vatican, où le pape Benoît XVI s’est adressé en castillan aux fidèles espagnols lors de son Angelus, leur rappelant que le socle de la famille était "l’union indissoluble d’un homme est d’une femme".

"Cela vaut la peine de travailler pour la famille", a souligné Benoît XVI, immédiatement applaudi par les milliers de fidèles espagnols réunis sur la Plaza de Colon et ses alentours."

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