Revue de presse

"Législatives 2024 : pourquoi les sondages n’avaient pas anticipé la victoire de la gauche" (E. Boilait et Cl. Hidalgo, Le Figaro, 9 juil. 24)

(E. Boilait et Cl. Hidalgo, Le Figaro, 9 juil. 24) 9 juillet 2024

[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

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"[...] Premier élément de réponse : la mise en place d’un « front républicain » contre le RN a été particulièrement suivie par les candidats de la majorité ou du NFP, qui se sont retirés quand ils étaient pris dans des triangulaires face au RN. Entre dimanche et mardi 18 heures, ce sont donc plus de 200 candidats qui ont décidé de quitter la course. Autre enseignement du scrutin : les appels à faire barrage au RN ont été dans l’ensemble suivis par les électeurs.

Les instituts ont « sous-estimé la capacité des électeurs de la majorité présidentielle à se reporter sur le vote NFP, et réciproquement », note Christophe Boutin, politologue et professeur de droit public à l’université de Caen. Cela s’expliquerait, selon l’expert, par une « surestimation » de l’effet répulsif de Jean-Luc Mélenchon. « Pendant les élections européennes et la campagne des législatives, l’image antisémite de LFI et la figure controversée de Mélenchon a divisé les électeurs. Mais, face aux désistements, une grande partie des Français ont préféré le NFP ou le camp macroniste au RN », analyse-t-il.

Cette situation a donc, par nature, poussé au report de voix, plongeant les instituts dans l’incertitude. « Ils peuvent difficilement prévoir pour qui chaque électeur va voter : entre ceux qui s’abstiennent, ceux qui votent blanc, pour le camp présidentiel ou le NFP… Même s’ils ont fait évoluer leurs sondages en fonction des désistements, cela n’a pas été suffisant », détaille Christophe Boutin.

La deuxième explication découle de la première : contrairement aux européennes, organisées autour d’un suffrage universel direct à un tour, les élections législatives se tiennent autour d’un scrutin majoritaire à deux tours. Un mode de scrutin qui permet aux partis minoritaires de faire des alliances au second tour pour l’emporter dans des circonscriptions face à des partis plus forts mais isolés. « Ce système était initialement destiné à trouver une majorité stable à l’Assemblée. Mais il ne s’accommode pas à la situation actuelle, avec un bloc central et deux blocs extrêmes irréconciliables », décrypte Guillaume Drago, professeur de droit public à l’université Paris-Panthéon-Assas. Faudrait-il dès lors instaurer plus de proportionnelle ? « Ce n’est pas la solution non plus, poursuit le spécialiste, car elle conduirait à un éclatement encore plus important des blocs. »

Enfin, on dit souvent que les élections législatives en France sont en réalité « 577 élections différentes », ajoute Guillaume Drago. Pourtant, les sondages réalisés durant l’entre-deux-tours sont pondérés par les résultats du premier tour du scrutin. Mais ce système est loin d’être infaillible. Il existe en effet de forts particularismes locaux, comme en Basse-Normandie où les LR devenus divers droite en signe d’opposition à Éric Ciotti, ont « bien résisté », souligne Guillaume Drago. Cela tient à « leur implantation locale : ils n’ont pas été élus sur leur étiquette politique, mais parce qu’ils étaient bien connus et appréciés des électeurs. »"


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