Revue de presse

"Le retour non assumé de la "purge"" (S. Piquet, Marianne, 20 juin 24)

(S. Piquet, Marianne, 20 juin 24). "Prenons-les au mot" 8 juillet 2024

[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

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Lire "La mise au ban subie ou volontaire de certains insoumis, une purge dans toutes les acceptions du terme".

"« Législatives : cette « purge » qui fragilise déjà le Nouveau Front populaire » titrait Sud Ouest le 15 juin. Le même jour, le Huffington Post publiait un article intitulé : « Législatives 2024 : Mélenchon, accusé de « purge », répond que « les investitures à vie n’existent pas » ». C’est le même mot qui a été utilisé par Libération (« Après la « purge » à LFI, une fronde de plus en plus insoumise » ) et la quasi-totalité des médias.

Mais presque à chaque fois, comme on le constate dans les titres ci-dessus, le mot a été mis entre guillemets, ce qui ne laisse pas de surprendre tant on sait avec quelle facilité les journalistes emploient en boucle des termes contestables, voire impropres. Comment expliquer ces « pudeurs de gazelle » , pour reprendre l’une des expressions favorites de Jean-Luc Mélenchon ? Il est fort possible que la violence de certaines purges au cours de l’histoire favorise une réticence à utiliser le même terme pour désigner de simples mises à l’écart, ce qui pourrait laisser croire qu’on met tout sur le même plan.

Pourtant, le verbe purger, du latin purgare (« nettoyer ») a d’abord signifié au sens propre « débarrasser une substance de ce qui l’altère, de ce qui la souille, pour la rendre plus pure » avant de s’employer au figuré au sens de « débarrasser de choses mauvaises ou d’êtres néfastes ». Il semble donc assez bien correspondre à la situation au sein du Nouveau Front Populaire et à la volonté de Jean-Luc Mélenchon de bannir ceux qui ont osé contester son autorité et qui sont par là même jugés nuisibles.

Pendant la Révolution, le mot purger, par métaphore du sens médical, a pris le sens d’« élimination des indésirables » nous apprend le Dictionnaire historique de la langue française (Le Robert). C’est bien de cela qu’il s’agit, même si les moyens utilisés pour mettre en œuvre ladite purge diffèrent sensiblement.

Purger a pu également avoir le sens moral de « purifier », « laver un coupable » voire « racheter » ou « expier ». La purge n’est alors pas toujours entreprise par les leaders ou les accusateurs mais par le coupable lui-même. C’est exactement ce qu’a fait Adrien Quatennens en choisissant de se retirer de la course aux législatives non pour des raisons juridiques, mais bien pour des raisons morales. Il se plie ainsi au credo de l’époque, qui réclame ces expiations presque religieuses, tout en sachant qu’à la différence du dogme chrétien, il ne sera jamais absous de ses péchés qui le suivront pour l’éternité terrestre."


Voir aussi dans la Revue de presse toutes les chroniques "Prenons-les au mot" (Samuel Piquet, Marianne) dans Langue française (note de la rédaction CLR).


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