21 mai 2012
"Au-delà de ses déclarations, on sait moins le type de relations que le président de la République entend mener avec les cultes. On le dit, jusque dans son entourage, relativement indifférent à ces questions. Un désintérêt doublé d’une certaine méconnaissance de ces sujets. Pierre Moscovici, alors directeur de campagne, nous assurait, en février, que M. Hollande se montrera "pragmatique, peu désireux d’ouvrir des contentieux, très laïque mais capable d’évaluer des situations complexes".
Autour du président gravitent des personnalités aux lignes diverses. D’un côté, Manuel Valls, le nouveau ministre de l’intérieur chargé des cultes, défend une "laïcité exigeante", qui, sans être "fermée au spirituel et au sacré", renvoie plutôt les religions et leurs manifestations à la sphère privée. De l’autre, son ami Jean-Pierre Mignard, avocat catholique engagé et convaincu que les religions contribuent à la préservation du lien social, plaide pour une "laïcité moderne", plus axée sur l’égalité homme-femme que sur la séparation des Eglises et de l’Etat, fait historique "acquis". Il faut compter aussi avec la "ligne Glavany", incontournable "M. Laïcité" du Parti socialiste, l’un des initiateurs de la proposition de sanctuariser la loi de 1905 dans la Constitution, ou celle de francs-maçons, partisans d’une remise en cause du concordat en vigueur en Alsace et en Moselle.
Difficile donc de savoir où penchera le futur gouvernement, face au libre exercice des cultes, aux réalités nouvelles induites par l’islam et à sa visibilité, au dialogue institutionnalisé avec les religieux ou dans ces rapports historiquement chahutés avec l’enseignement catholique. Un regard sur le passé montre que la gauche au pouvoir s’est montrée pragmatique et assez peu "laïcarde". En 1993, Jack Lang signe les accords Lang-Cloupet, qui poursuivent l’alignement de l’enseignement privé sur le public. En 2002, Lionel Jospin instaure l’instance de dialogue entre l’Eglise catholique et le gouvernement... [...]
La laïcité "à géométrie variable", "l’instrumentalisation" des religions, dénoncées par M. Hollande lui-même, pourraient laisser la place à ce que certains appellent déjà une "laïcité normale", logeant toutes les religions à la même enseigne. Quitte à y déceler les contours d’une "laïcité à l’ancienne", ignorante de l’évolution des religions dans leurs rapports à la République et du poids qu’elles ont désormais dans la constitution des identités."
Comité Laïcité République
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