Comité Laïcité République - La laïcité n’est pas une opinion, c’est la liberté d’en avoir une

Lire "Le régionalisme veut-il démanteler la République ? On en débat avec Benjamin Morel et Périco Légasse".

[...] Benjamin Morel : Il faut comprendre la vision républicaine. La France est une nation politique, donc d’abord un espace public dans lequel le débat s’engage en démocratie, donc une langue permettant l’intercompréhension. Dans l’esprit des républicains de l’époque, je n’ai pas besoin d’enseigner les langues régionales. D’abord parce qu’elles existent déjà et ensuite parce qu’elles ne vont pas permettre cet espace public. En revanche, l’école fut très secondaire dans l’éradication en France des langues régionales. Celle-ci doit beaucoup plus à l’exode rural et à la télévision dans les foyers. La République a eu tort de ne pas enseigner ses langues et de les avoir laissées devenir un instrument politique contre la nation et les petites patries. Apprendre le breton à Rennes ne permet pas de parler avec les anciens, juste entre militants.

Périco Légasse : Pour les défenseurs de la langue bretonne, le gallo est un mélange de celte latinisé et de français. Le programme scolaire des écoles Diwan ne retient donc que le breton unifié, dit KLT (Kornouaille, Léon, Trégor). Il y a eu aussi différents types de français ; celui de Saint Louis, celui de François Ier et celui de Louis XIV ne sont pas les mêmes, ni celui de Napoléon, loin de l’actuel. L’évolution et l’enrichissement d’une langue sont une réalité naturelle. On a le droit de choisir sa langue. Hélas, le livre de Benjamin Morel tend à faire croire que le régionalisme découle d’un immense complot, d’une manipulation pour défaire la France, dépecer la République. Si quelques individus marginaux aspirent à cela, ils sont infiniment ultraminoritaires. [...]"