“Le rapport qui dénonce un excès de commémorations” (Le Figaro, 10 nov. 08)

12 novembre 2008

"Une commission présidée par un historien affirme que le doublement du nombre de commémorations nationales ces dernières années relève du clientélisme. Elle propose d’en réduire le nombre de douze à trois.

« Assez de repentance ! », avait lâché Nicolas Sarkozy en succédant l’an dernier à Jacques Chirac. Le rapport de la commission Kaspi précise, à sa façon, la pensée élyséenne, alors que le président de la République s’apprête à célébrer mardi le 90e anniversaire de la victoire de la Grande Guerre dans la Meuse, à Verdun et à Douaumont. Les conclusions du groupe de travail présidé par l’historien André Kaspi sont sans appel : « Les commémorations publiques et nationales sont trop nombreuses. »

On en compte douze aujourd’hui, dont une moitié instaurée sous Chirac, de la célébration de l’abolition de l’esclavage (10 Mai), à l’hommage aux morts d’Indochine (8 Juin), en passant par l’hommage aux Justes de France (16 Juillet), aux harkis (25 Septembre) et aux morts d’Algérie (5 Décembre). « Il n’est pas sain, écrivent les membres de la commission Kaspi, qu’en l’espace d’un demi-siècle le nombre de commémorations ait doublé. Il n’est pas admissible que la nation cède aux intérêts communautaristes et que l’on multiplie les journées de repentance pour satisfaire un groupe de victimes, car ce serait affaiblir la conscience nationale, susciter d’autres demandes et diluer la portée de commémorations. »

« Une véritable désaffection »

Selon les rapporteurs, « trop de commémorations revêtent un caractère spécifique et catégoriel ». Ils déplorent même que « le clientélisme ou le communautarisme mémoriel provoque des revendications nouvelles et incessantes ». La solution préconisée est radicale : ne garder que trois dates au titre des célébrations nationales : « Le 11 Novembre pour commémorer les morts du passé et du présent, le 8 Mai pour rappeler la victoire sur le nazisme et la barbarie, le 14 Juillet qui exalte les valeurs de la Révolution française. » D’ailleurs, relèvent les auteurs du rapport, à l’exception de ces trois dates, les cérémonies de commémorations connaissent « une véritable désaffection ». Les autres dates auront quand même droit à des célébrations officielles . Mais « elles deviendront des commémorations locales ou régionales » , comme, dimanche, la célébration de la mort du général de Gaulle, dans de nombreuses communes. Elles pourront même revêtir un caractère exceptionnel, à l’instar des cérémonies grandioses du soixantième anniversaire des débarquements alliés de 1944.

Hier, le secrétaire d’État à la Défense et aux Anciens Combattants, Jean-Marie Bockel s’est dit contre « l’inflation mémorielle », mais aussi opposé « à la remise en cause des commémorations existantes ». Le patron des députés UMP, Jean-François Copé, s’est pour sa part déclaré hostile à la suppression de ces « rendez-vous nationaux ».

Au-delà du choix des dates, c’est l’organisation même des événements qui sera revue. « Les cérémonies doivent évoluer, pas pour le bénéfice ou le plaisir de changer, mais pour toucher un public plus jeune qui n’a pas connu ce que nous commémorons », indiquait le chef de l’État, le 10 janvier dernier. Son secrétaire d’État aux Anciens Combattants annonce que les écoles seront davantage associées. Les célébrations devraient aussi être plus magistrales. Le 11 novembre 2008 donnera le ton."

Lire “Le rapport qui dénonce un excès de commémorations”.


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