15 août 2012
[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
"Au jour 15 de la campagne électorale, le Parti québécois a remis le thème des accommodements raisonnables à l’avant-plan, mardi, à Trois-Rivières, à une cinquantaine de kilomètres d’Hérouxville, dont le code de vie à l’intention des nouveaux arrivants avait fait grand bruit en 2007.
Accusant le gouvernement libéral de n’avoir rien fait dans ce dossier, la chef de la formation, Pauline Marois, a promis de faire adopter une charte de la laïcité dans les services publics et parapublics advenant l’élection de son parti. [...]
L’auteure et militante anti-islamiste Djemila Benhabib, qui fait depuis des années de la laïcité un cheval de bataille et qui se présente dans la circonscription voisine de Trois-Rivières, était parmi les candidats à ses côtés.
La charte proposée par le PQ reposerait sur les principes de neutralité de l’État et de prépondérance de l’égalité entre les femmes et les hommes, a expliqué la chef péquiste.
« Des milliers de gens viennent vivre au Québec pour ce que nous sommes : une terre de liberté dont le coeur bat en français, où les droits des gens sont protégés, où les femmes et les hommes sont égaux et où la religion n’intervient pas dans les affaires publiques. » — Pauline Marois
La liberté de religion ne pourrait pas être invoquée pour enfreindre l’égalité hommes-femmes ni pour nuire au « bon fonctionnement des institutions publiques et parapubliques ».
Pas de signes religieux « ostensibles »
En vertu de cette charte, les employés de l’État ne pourraient pas porter de signes religieux « ostensibles », comme comme le hijab ou le turban. Ils ne devraient pas non plus accommoder un usager qui voudrait se faire servir par une personne du sexe opposé.
La récitation de la prière avant l’ouverture d’un conseil municipal - comme à Saguenay - ne serait pas tolérée non plus.
Cette charte, qui aurait « force de loi » viendrait « préciser le cadre dans lequel les dirigeants d’organisme peuvent fonctionner », a spécifié Mme Marois. Elle permettrait ainsi « d’interpréter les lois, d’interpréter les règlements », a-t-elle soutenu, ajoutant que la charte aurait le mérite d’être « claire ».
Mme Benhabib a estimé qu’il était « temps de poser un geste politique concret, ce qui a manqué au gouvernement Charest », ajoutant qu’« aucune société n’[était] à l’abri de la régression ».
« C’est pour cela que nous voulons prendre les mesures qui s’imposent, en étant responsables, en étant respectueux, pour consolider cet héritage de la révolution tranquille. » — Djemila Benhabib
« C’est rassurant de savoir dans quelle société on arrive, dans quel pays on choisit de vivre, avec quelles valeurs on va évoluer », a de son côté argué la chef péquiste.
Pauline Marois a, au passage, critiqué « le Canada qui prône l’idéologie du multiculturalisme qui invite les gens à vivre dans des ghettos ». Interrogée sur son intention de recourir éventuellement à la clause dérogatoire si la charte de la laïcité était jugée contraire à la Charte canadienne des droits et libertés, Pauline Marois a répondu « absolument, sans aucune réserve ». « Si elle devait être contestée - pour l’instant, c’est une question hypothétique -, nous ferons la bataille qu’il faut parce que nous croyons que c’est essentiel pour notre vouloir-vivre collectif », a-t-elle déclaré, précisant que la liberté de religion serait aussi incluse dans la charte. [...]
Pas question, toutefois, de retirer le crucifix de l’Assemblée nationale, perçu par la formation comme un symbole de l’héritage historique du peuple québécois.
Connue pour ses prises de position pour la laïcité, Mme Benhabib, auteure de Les soldats d’Allah à l’assaut de l’Occident et de Ma vie à contre-Coran, avait pour sa part déjà pris position en faveur de son retrait.
Se définissant comme une « intellectuelle engagée », la candidate vedette a d’ailleurs assuré qu’elle ne reniait pas ses convictions.
« Lorsqu’on s’engage en politique, on ne s’attend pas de son parti qu’il endosse les engagements d’une personne », a-t-elle répondu à un journaliste. « S’il y a des batailles à faire au sein de mon parti je les ferai, mais aujourd’hui j’endosse totalement les prises de position du Parti québécois ».
En point de presse, le chef du Parti libéral, Jean Charest, a pour sa part estimé que son gouvernement avait permis des avancées importantes en matière d’encadrement des accommodements raisonnables. « On a fait la mise en oeuvre de la majorité des recommandations du rapport Bouchard-Taylor », a-t-il dit, faisant par exemple valoir que la Charte québécoise des droits et libertés avait été amendée.
S’il ne s’oppose pas à une charte de la laïcité, le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, pense de son côté que « le Parti québécois va trop loin en disant que tous les employés de l’État ne doivent pas avoir de signes religieux »."
Comité Laïcité République
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