Catherine Kintzler, philosophe, Prix de la Laïcité 2014. 27 mars 2021
[Les échos des initiatives proches sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
"[...] D’une part ce qui participe de l’autorité publique (législation, institutions publiques, école publique, magistrats, gouvernement…) s’interdit toute manifestation, caution ou reconnaissance en matière de cultes, de croyances et d’incroyances – c’est le principe de laïcité stricto sensu. De l’autre, partout ailleurs y compris en public, dans l’infinité de la société civile (la rue, les moyens de transport, les espaces commerciaux…) et bien entendu dans l’intimité, la liberté d’expression s’exerce dans le cadre du droit commun. Sans cette dualité la laïcité perd son sens. C’est précisément parce que la puissance publique et le domaine qui lui est constitutivement associé s’astreignent à la réserve en matière de cultes et de croyances que les libertés d’expression, d’association, etc., se déploient dans la société civile sans autre limite que le droit commun. Cette dualité installe ce que j’appelle la respiration laïque. Par exemple, l’élève qui enlève ses signes religieux en entrant à l’école publique les remet en sortant, il passe d’un espace à l’autre, échappant par là aussi bien à la pression sociale de son milieu qu’à une uniformisation officielle d’État. La laïcité est donc le contraire d’un intégrisme qui envahirait tous les secteurs de la vie politique et sociale ; ce n’est pas non plus un athéisme d’État qui s’imposerait de la même manière qu’une religion officielle. [...]
En régime laïque, personne n’est soumis à l’uniformisation d’un État qui s’imposerait dans tous les secteurs de la vie non seulement publique au sens strict (politique) mais aussi sociale. Mais il est tout aussi important de souligner que, parallèlement, personne n’est assigné à suivre les exigences d’une communauté, d’y conformer ses comportements et l’ensemble de ses mœurs. Car cela aussi serait une uniformisation : on y pense moins, mais le patchwork, pour être multicolore vu de loin, est uniformisant dans chacune de ses parcelles. En matière de libertés, on voit donc qu’il est bon de raisonner d’abord au niveau des personnes singulières. [...]"
Voir aussi dans les Initiatives proches le dossier Le Droit de vivre (Licra), mars 2021 dans Licra (note du CLR).
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