Revue de presse

« La radicalisation droitière des catholiques est durable » (Y. Raison du Cleuziou, La Croix, 14 avril 22)

Yann Raison du Cleuziou, politiste, université de Bordeaux, institut de recherche Montesquieu. 21 avril 2022

[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

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"[...] Comment interpréter cette affinité religieuse avec Zemmour ? Sans doute, le candidat de Reconquête ! a bénéficié du ralliement de tous les leaders d’opinion du conservatisme catholique qui étaient auparavant dispersés dans les partis de droite : Agnès Marion, Marion Maréchal, Jean-Frédéric Poisson, Laurence Trochu, Philippe de Villiers… Éric Zemmour leur a accordé une place centrale que les autres partis leur refusaient. Le candidat a aussi cadré les enjeux politiques autour du christianisme : comme matrice historique de la nation ; condition civilisationnelle de la liberté politique et de la laïcité ; constituant des mœurs majoritaires…

Enfin, la thématique du « grand remplacement » que le candidat ressassait avec obsession renvoyait les catholiques conservateurs à la hantise de leur propre déclin. L’enquête European Values Study de 2018 montre que, parmi les 18-29 ans en France, 15 % se déclarent catholiques et 13 % musulmans. Dans ces jeunes générations, le croisement des courbes de dévotion est imaginable à court terme et produit déjà des effets déstabilisants. L’engouement pour Éric Zemmour s’explique par la conjonction de la reconnaissance symbolique que ce dernier a accordé au christianisme à un moment où une partie des catholiques est accablée par un puissant sentiment de déclassement.

Reste qu’à mon sens c’est, au-delà de la conjoncture de la campagne, dans le processus de sécularisation qu’il faut aller chercher la cause de la radicalisation droitière des pratiquants. Dans un contexte d’effondrement statistique, le catholicisme se recompose sur ceux qui restent : tendanciellement les plus conservateurs. Se définissant comme la « génération Jean-Paul II » ou « Benoît XVI », ils restructurent l’Église sur une ligne plus ritualiste, intégraliste et intransigeante que leurs aînés marqués par le « souffle de Vatican II ». [...]"

Lire "Yann Raison du Cleuziou : « La radicalisation droitière des catholiques est durable »".


Voir aussi dans la Revue de presse la rubrique Le "vote catho" aux élections 2022 (note du CLR).


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