Revue de presse

"La nouvelle définition de la laïcité ou l’injonction au silence" (Marianne, 23 oct. 15)

25 octobre 2015

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"Après les attentats de janvier 2015, François Hollande et Najat Vallaud-Belkacem avaient fermement tapé du poing sur la table : il fallait davantage présenter et célébrer la laïcité dans tous les établissements scolaires de France. Le président décida donc d’une « Journée de la laïcité », tous les 9 décembre. Quant à la ministre de l’Éducation, elle promit d’offrir « un livret laïcité » à tous. Les professeurs de maternelle comme de collège et lycée ont enfin reçu ce livret, sobrement surtitré : « La nation confie à l’École la mission de faire partager aux élèves les valeurs de la République. »

Trente et une pages qui font l’éloge de la laïcité, cela ne nous gênait vraiment pas. Nous avons donc lu avec avidité ce manuel moderne des hussards noirs, et nous avons beaucoup toussé. Passons sur les propositions de commémoration du 9 décembre 1905, à coup de « saynètes », « vidéos », « poèmes », ou même « jeux de rôles ». Passons sur les suggestions de « débats autour de dilemmes moraux ». Ce qui reste au travers de la gorge, c’est l’incroyable demande faite à tous les professeurs de ne plus jamais distinguer « le savoir du croire ». Avec cette nouvelle définition de la laïcité, il faudra désormais « éviter la confrontation ou la comparaison du discours religieux et du savoir scientifique » : « Dans les disciplines scientifiques (SVT, physique-chimie, etc.) il est essentiel de refuser d’établir une supériorité de l’un sur l’autre, comme de les mettre à égalité. »

Comprenons bien ce que cela signifie, à travers deux exemples. Je suis professeur de biologie. J’obéis aux programmes et j’enseigne à mes élèves de 3e les théories de Darwin sur l’évolution des espèces. Un élève m’explique que c’est plutôt Dieu qui a créé l’homme. Ordre de la ministre de l’Éducation : je ne peux plus expliquer à cet élève que la science, fondée sur des observations de faits, prime sur la croyance. Je ne peux même plus « mettre à égalité » sa thèse et la mienne. (En tant que scientifique, cela ne me serait heureusement jamais venu à l’idée.) Que me reste-t-il à faire, si je ne peux devant mes élèves ni comparer ni confronter des propositions ? Je me tais. [...]"


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