22 janvier 2021
[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
"Le président de la fédération de parents d’élèves, Rodrigo Arenas, attaque en diffamation l’auteur du livre "Comment on a laissé l’islamisme pénétrer l’école", Jean-Pierre Obin.
Par Caroline Beyer
La FCPE, première fédération de parents d’élèves, traditionnellement proche du PS, est-elle entrée dans « l’orbite islamogauchiste », comme l’écrit l’ancien inspecteur de l’Éducation nationale Jean-Pierre Obin, dans son livre Comment on a laissé l’islamisme pénétrer l’école ? Son président, Rodrigo Arenas, a-t-il « donné des gages aux islamistes » lorsqu’il était le responsable de la fédération en Seine-Saint-Denis ? Le voile islamique est-il, en soi, un élément de prosélytisme ?
Telles sont les questions qui se sont posées, le 20 janvier, à la 17e chambre du tribunal de Paris. Autour d’un casting de choix. D’un côté, Me Alain Jakubowicz, ancien président de la Licra, avocat de Jean-Pierre Obin, citait comme témoin Manuel Valls, premier ministre au moment des attentats de 2015, ainsi que le journaliste Mohamed Sifaoui, spécialiste de l’islam politique. De l’autre, l’avocat médiatique Arié Alimi, spécialisé dans les affaires de violences policières, représentait le président de la FCPE. Lequel était absent.
C’est en décembre que ce dernier avait porté plainte pour diffamation contre Jean-Pierre Obin. Objet de sa plainte ? Un passage du livre, paru en septembre, qui avait rencontré un fort écho après l’assassinat de Samuel Paty en octobre. Dans Comment on a laissé l’islamisme pénétrer l’école, l’ancien inspecteur, âgé de 78 ans, dénonce le « pas de vague » au sein de l’Éducation nationale, voire la complicité de certains. Il accuse la FCPE - mais aussi la Ligue des droits de l’homme et le syndicat étudiant Unef - d’être entrée dans « l’orbite islamogauchiste à la faveur de la prise de pouvoir de militants d’extrême gauche épaulés par l’entrisme d’activistes proches des Frères musulmans ». Le président de la FCPE, avant 2019, aurait « donné des gages aux islamistes sur lesquels il s’appuyait pour gouverner la fédération du 93 ». « Allégations délirantes », avait estimé Rodrigo Arenas.
Les témoins cités ont convergé vers les affirmations de Jean-Pierre Obin. Manuel Valls a décrit cette « progression spectaculaire de l’islamisme » depuis des décennies, qui a entraîné une « perte de repères » au sein de la gauche. Il évoque une pensée marxiste qui a progressivement remplacé « les prolétaires » par « les musulmans », comme « nouveaux damnés de la terre ». « Cela se termine toujours par la vision de la femme, ajoute l’ancien premier ministre. Et l’on finit par théoriser le fait que le voile est un signe d’émancipation politique. » Car il a beaucoup été question, au cours de cette audience, de la polémique survenue à la rentrée 2019, autour d’une affiche produite par la FCPE pour sa campagne électorale. On y voyait une jeune femme voilée, portant le message : « Oui, je vais en sortie scolaire, et alors ? La laïcité, c’est accueillir à l’école tous les parents sans exception. »
Pour Mohamed Sifaoui, il s’agit bien de « clientélisme » de la part de la FCPE et « l’entrisme des Frères musulmans » dans la sphère éducative ne fait aucun doute. Le voile est selon lui « un outil de prosélytisme » car « on en a fait une norme ».
Au cours de l’audition, Catherine Manciaux, ancienne proviseur du lycée Alfred-Nobel à Clichy-sous-bois (93), est venue raconter son combat, à partir de 2011, pour rappeler à certaines élèves que le voile était interdit à l’école. Avant de voir celles-ci arborer de longues robes noires rappelant le code vestimentaire islamique. Elle raconte surtout avoir été convoquée par son inspection, à la demande et en présence de Rodrigo Arenas, alors président de la FCPE 93, pour se voir signifier qu’elle avait outrepassé ses droits et qu’elle ne devait plus communiquer avec les parents. « C’était surréaliste. Rodrigo Arenas a répété que porter une longue robe noire, c’était comme porter un tee-shirt avec le Che. Comme il le faisait dans sa jeunesse », rapporte-elle. « Avez-vous des éléments pour corroborer le fait que Rodrigo Arenas a donné des gages aux islamistes ? », n’a cessé de demander Me Arié Alimi. Réponse d’ici un mois et demi, quand la justice rendra sa décision."
Lire "La FCPE et « l’islamogauchisme » : la justice doit trancher".
Voir aussi la rubrique FCPE et le dossier L’affiche pro-foulard islamique de la FCPE (2019) (note du CLR).
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