Laurent Bouvet, Professeur de science politique, auteur de « La Nouvelle Question laïque » (Flammarion). 4 août 2019
[Les articles de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
"Le procédé "est typique de l’activisme des associations liées à l’islamisme dans sa version politique : provocation, victimisation, mobilisation sur les réseaux sociaux et dans les médias. Il suffit d’ailleurs pour comprendre la nature de cette association qui se présente comme « alliance citoyenne » de lire les propos de sa porte-parole, Taous Hammouti, sur les réseaux sociaux. On y retrouve tous les propos caractéristiques de l’islam politique. […]
Il s’agit en effet d’une stratégie délibérée de la part de militants d’un islam politique. La provocation victimaire est une méthode qu’ils emploient, à l’instar d’autres groupes militants, indigénistes ou néo-féministes par exemple. Cette méthode est particulièrement efficace à l’âge de la confusion généralisée entre médias sociaux et traditionnels.
Les militantes affirment défendre « la liberté de toutes les femmes » et veulent faire de leur action un « acte de désobéissance civile » s’inspirant de Rosa Parks. Que vous inspire un tel parallèle ?
Ce parallèle est tout simplement odieux, à la fois au regard de la mémoire des militants de la lutte pour les droits civiques américains et de la cause féministe. Les militants islamistes de Grenoble ne défendent pas la « liberté de toutes les femmes » mais une vision inégalitaire du rapport entre hommes et femmes, en même temps que le refus explicite de se conformer aux règles communes pourtant édictées dans un cadre démocratique.
Au-delà, tenter de faire prendre pour une liberté ce qui est avant tout une manière d’afficher sa conviction religieuse relève de l’arnaque intellectuelle et politique. Le problème n’est pas tant ceux qui provoquent ainsi que ceux qui se laissent convaincre, par inconséquence philosophique ou par clientélisme électoral.
En quoi le fait d’exiger de se baigner en maillot dans une piscine municipale relève-t-il du « combat républicain » ? Est-ce vraiment important de ne pas céder sur ce point ?
Réduire cette affaire à une simple question de tenue de bain participe d’une forme d’aveuglement voire de complaisance face à des militants déterminés dont l’objectif est d’imposer leur conception politico-religieuse partout où ils le peuvent. Derrière la question anodine de la forme du vêtement de bain, c’est de notre conception du commun qu’il s’agit, et de ce que nous sommes prêts à faire pour la défendre et la promouvoir, notamment auprès de ceux qui, venant de différents horizons culturels et religieux, voudraient faire prévaloir ceux-ci."
Lire "Burkini : « Les islamistes emploient la stratégie de la provocation victimaire »".
Lire aussi G. Chevrier : burkini, "protéger les musulmans pour qu’ils continuent d’avoir le choix" (Cnews, 24 juin 19), "Grenoble : nouvelle opération coup de poing de femmes en burkini dans une piscine" (AFP, lefigaro.fr , 23 juin 19), "À Grenoble, un coup de force pour faire entrer le burkini à la piscine" (Le Figaro, 23 mai 19), Grenoble : des femmes entrent de force en burkini dans une piscine (liberation.fr , 18 mai 19) (note du CLR).
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